Salle comble, superbes artistes, son de niche et bière brune délectable. Tel était mon lot ce vendredi à l’AF, lieu de refuge et p’tain, en ce vendredi, j’en avais diablement besoin! Depuis l’Aquanes de Flixecourt je déboule, revigoré par l’aquabike. Passage à la tirette, devant ce lieu où jadis, je fis dans la psychiatrie. J’arrive dans l’antre, cède bien volontiers mes 4 euros et attends docilement, curieux de découvrir Bâton XXLen live. J’ai à peiné écouté au préalable, soucieux de me réserver la surprise. Elle sera bonne, l’amienois nous inondant de ses nappes de percus saupoudrées de chants comme sous folie rentrée, sous aiguille, sous perdition et qu’est-ce que c’est bon bordel! Quant à ses sons, en volutes libres, ils envoûtent et dérangent. C’est un rituel, une grand-messe insolente, que nous offre l’homme aux mille (ou peut-être un peu moins) projets. Le public est en quelque sorte médusé, capturé. Les cous oscillent, les regards se figent sur l’artiste et ses baguettes. Ses voix transportent, rien que pour ça on est d’ores et déjà heureux d’en être. C’est à ce son autre, en marge et en rage, que nous nous renouvelons. Que nous nous publions, purgés de nos rances existences.
Bâton XXL
Tambours en pleine bourre, au summum de la création, Bâton XXL réjouit son monde. Sans nous perdre il nous égare, dans les recoins de zones pour nous sécures. Ouverture hautement concluante, à n’en pas douter, que relaie l’incroyable Lili Refrain. L’attente fut longue mais le set, entre les genres, expressif et pétri de relief, va ravir l’AF qui pour le coup s’est sévèrement garni. Lyrique, tranchante dans ses guitares, mystique, dopée au feeling, Lili Refrain amorce un voyage dont on ne revient pas. Elle incante, met de l’emphase, masquée et tellement en vue pourtant. L’Italienne ratisse large, imbrique les mouvances et n’a aucun égal, ça s’entend comme ça se ressent. Sa recette lui appartient, dark tantôt, percussive, d’une identité renversante. Il m’arrive de penser aux Swans, au Wovenhand de David Eugene Edwards mais de loin car Lili Refrain, à l’évidence, n’a besoin de personne pour malaxer sa propre pâte et se dispense de toute source d’influence extérieure par trop marquée. Elle est sublime, intense. Impétueuse, on la suivrait jusqu’à Rome. Normal, elle y réside.
Lili Refrain
J’entends du métal, ici, dur comme lyrique. De la folk, sans nom ni origine. De l’indus, une sorte de matière trip-hop, du psychédélisme, une gestuelle exprimant une entière implication. Lili Refrain se sublime. Des ritournelles toutes en splendeur, en puissance, surgissent de son être. Des boucles jouées là, de suite, sans artifice aucun. Entre feutrine et dureté, la dame brune joue un opéra déjanté, créatif comme peu le sont. Elle est don, du ciel bien qu’elle n’en tombe pas. Elle nous place sous hypnose, nous en arrache à grand renfort de sons tonitruants. Esotérique, elle méprise le formaté. Ca tombe bien, note optique est commune. Elle tonne, gronde, (dé)construit et se montre d »une extrême reconnaissance, parlée dans un Français qui l’honore. Son concert marquera les esprits, il est de ceux qui se nichent dans le coeur et dans les tripes. Grand merci Lili, magistrale tu es. Je ne verrai pas Lorenzo Steconni, ton acolyte, border la soirée mais qu’importe, ses paysages ont assurément fait mouche et je m’en repars happier than ever, privilégié que je suis d’avoir pu assister à un tel spectacle.
Lili Refrain