Le Lucidvox d’ Alina Evseeva (chant), Galla Gintovt (guitare), Nadya Samodurova (batterie) et Anna Moskvitina (basse), oh joie!, est de retour! Le trompettiste Timur Mizinov (Wooden Whales), la violoniste Dasha Avramova, le guitariste Dmitry Chesnov et la multi-instrumentiste Ella Bayisbaeva (en tant que choriste) sont aussi de la partie, conviés, sur ce That’s What Remained aussi envoûtant que le fut We Are, fin 2020. Adjoignons à tout ça la présence d’une chorale d’enfants et l’album, superbe, pèse de toutes ses notes sur nos esprits d’écoutants. There Ahead l’ouvre dans le sombre, pesant et l’on verra que cuivres, cordes et autres claviers insufflent une putain de profondeur au rendu. Pour l’heure c’est psyché, un brin shoegaze, lancinant, et ça se prend sans rechigner. Les voix à plusieurs, ça va sans dire, contribuent magnifiquement. Naidiya, sensible et folky, dream-pop aussi, bourru, charme lui aussi sans rémission. Lucidvox, c’est un fait, investit maintenant la cour des grands. Il est rude et soyeux, porté par une vision toute personnelle. On ne s’en lasse surtout pas.
Au troisième siège la ferveur saignante et les guitares dures de Don’t Look Away, pas moins ensorcelant, font elles aussi sensation. Lucidvox, sûr de son fait, n’a pas d’égaux. En cela il se démarque, ostensiblement. Ses cuivres se déchirent, libres. Le morceau rugit, groove presque tribalement. Il est relayé par Wandering, perle éclaircie d’un éclat sublime. Même retombé, Lucidvox reste perché sur les cimes de la qualité. Le titre, sans hâte, prend de l’envergure. Il fait bonne figure, vous l’aurez saisi. Au mitan des débats enfin un peu plus loin Hold Me, sur la retenue mais au bord du ravin, impacte à son tour. C’est entre magnificence sonore et attaques nourries que That’s What Remained trouve sa pleine mesure.
Ainsi All Frozen, d’une douceur trompeuse, s’y glisse t-il avec maestria. En toute fin de parcours l’éponyme That’s What Remained, de ses boucles d’abord électro, suivies d’encarts à la puissance rentrée, s’illustre à l’instar de l’ensemble. Il n’est pas permis, ce disque, de le restreindre à une modeste poignées d’écoutes. Il attire sans cesse, composé de créations qui font merveille. La dernière d’entre elles, On The Way, se passe de rythme mais sûrement pas de vertu. Elle griffe, se nervure, ornée d’un chant derechef marquant. C’en est fait; That’s What Remained, sorti comme à l’accoutumée chez Glitterbeat, sacre les Dames de Russie de manière cinglante et définitive.