Deuxième album d’Howlin’ Jaws, jeunes doués de nos vertes contrées, Half Asleep Half Awake enquille d’abord un rock juteux, mélodique mais bien pétardant. Enfin tout au moins sur ses débuts, plus éveillés qu’endormis donc. Mirror mirror file vite et s’il affine ses notes, fait dans le vif plutôt tranchant. On commence bien, les mélodies pétent et un cachet rétro certain s’incruste dans le rendu. Ceci avec le son, audible, d’aujourd’hui. Bewitched me enchaine, stylé. Rock, pop, touches psyché s’allient. Pour l’heure, tout est au top. Ca fuzze, ça pétille et ça embrase. Through my hands, rock’n’roll, claque une brique rouge sur l’édifice. Ici, il ombrage son propos. Lost songs, moins direct, rend lui aussi une copie honorable. A sa suite The sting, pop, l’imite en faisant retomber la vigueur. Il est beau mais on entend, clairement, moins de tapage. Le rythme, cependant, s’intensifie légèrement et le décor reluit.
Howlin’ Jaws ne faute toutefois pas, il se montre « juste » moins vitaminé. J’accroche moins, sans le recaler. Half Asleep Half Awake, éponyme, renoue de son côté avec un rock teigneux, 70’s, qui charbonne comme on aime. On rudoie, les mélopées demeurent de valeur. Elle deviennent urgentes, orangées. Healer, batterie cinglante en poche, s’en tient itou à des abords appuyés, grésillant, aux airs de brasier. Les ritournelles, derechef, créditent les bonshommes. A l’écoute, on prend plaisir. It’s you fait du bruit, semblablement, dans un ajustement ancien-actuel parfaitement tenu.
Photos Manon Violence
C’est la fin de l’ouvrage, trop posée à mon goût, qui pêche sans faiblir en qualité. Mindreader sert une pop perlée mais peinarde, sertie d’une envolée valable. Après lui Blue day, fuzzy, racé, fait dans l’aigre-doux. On relève toutefois, le groupe en est garant, l’accroche du tout. See you there, au moment de finir, prend une pente délicate, validant une descente vers des terres apaisées avant de franchement s’emporter, magiquement il faut dire. Il est de marque, comme l’entièreté de Half Asleep Half Awake que j’aurais espère wild en toute occurrence, en fan de rock écorché, mais qui n’en reste pas moins superbement torché par ces Howlin’ Jaws au talent évident.