Après le passionnant Ifriqiyya Electrique, Ndox Electrique est la nouvelle incarnation du duo unissant François R. Cambuzat et Gianna Greco. La Ndox Électrique est un rituel de possession issu des cérémonies du n’döep sénégalais, qui trouve ici et comme au sein de la formation citée plus haut, une traduction sonore captivante et possédée, tronçonnée par des riffs rock/métal éléphantesques. En l’occurrence la femme s’impose, les tambours assourdissent, les voix font bloc et les syncopes durcissent les contours d’une musique en révolte. Le Sénégal profond se fait entendre, à grand renfort de poussées indus-tribales que Jamm Yé Matagu Yalla, premier tir saccadé lézardé par des riffs en granit, inaugure fiévreusement. A l’écoute, déjà, l’innovation nous capture. Lëk Ndau Mbay, tel un Sepultura ère Roots, explore ainsi un champ inédit. Je suis gagné par l’alchimie, la puissance, la force de frappe d’ Ndox Electrique. Ici, bruits comme de sirènes et guitares grondantes, bruyantes, purgent les esprits. Ngor Diouf Ya Demon, d’in féminin venin, suinte un fiel non moins délectable. Uni, d’un trait, Tëd ak Mame Coumba Lamba ak Mame Coumba Mbang est une pièce essentielle.
Des montées en tension, fréquemment, l’intensifient encore. He Yay Naliné, incantatoire, riff magistral dans le dos, ouvre une nouvelle brèche. N’Dox Electrique, de coups de trique en brassage stylistique savant, impose son approche. Indi Mewmi l’y conforte, en chasse-neige sonore incoercible. Génial cérémonial, le disque est servi par sa prise de risques. Le morceau s’emballe, lui faire front signifie tomber, à la renverse, devant sa fièvre, son collectif, devant le pouvoir des Dames. Yaré Rirewé Bakora Ndoye, court, assure une transition dénuée de rythme et de furie. Il pose le jeu mais Ngor Diouf Né Du Wallé, insidieux, laisse sa lave déferler. Achetez cette galette, elle se situe à l’exact opposé des carcans réducteurs qui trop souvent, interdisent l’audace. Sam Sa Nga Mboro les fuit logiquement, en phase avec la vision d’une troupe précieuse, soudée, en se scandant de manière presque titubante.
Tëd ak Mame Coumba Lamba ak Mame Coumba Mbang, il est vrai, enivre. En fin de rituel Wali Namalé, sur guitares quasi-claires (mais pas trop…) en son début, obsède par sa répétition et se pare d’atours dont on n’a pas fait le tour. L’opus sort chez Les Disques Bongo Joe, si après ça tu trouves à redire…mais déjà, Sango Mara Riré s’occupe de ton cas. Sa retenue, impactante, ne le rend que plus marquant encore. A la fin du combat Ndox Electrique, de ses dix plages inondées d’authenticité, d’insoumission fédératrice, rafle la mise et fait valoir des créations aussi palpitantes qu’électrisantes, à s’écouter fort et sans limite de temps.