Trainfantome, ancien pseudonyme d’Olivier Le Tohic, navigue entre Nantes et Lorient. Avec Thirst, premier LP sous formule groupale, le registre oscille entre shoegaze, pop de classe et dérapages sonores à la Far (certains diront Deftones, ça se prend tout autant…). Il fait mouche, se parant de compositions qu’on situera en haut des classements de l’indé hexagonal. La totalité des titres est de première main, on se cogne pour débuter un Rogue waves qui s’il débute finement, au gré de vagues rafraichissantes, de notes quasi « flutées » dans leurs contours, n’en décoche pas moins de sévères fissures soniques. Le tout sur chant de velours et dans un brio de b+++++ (à notre époque, t’sais, faut pas trop jurer…). Riffs-tonnerre, chape de plomb consacrent une entrée en matière qui m’évoque, aussi, Shift. Les 90’s quoi. Ou Mellencamp, enfin j’sais pas si tu t’souviens. A peine remis, l’auditeur percute ce Autodrama shoegaze lui aussi merveilleux. Là encore, voix « polie » et propension à « noisyfier » le bazar cohabitent allègrement.
Spin, en troisième place, dégorge à son tour. Son décor est beau, son écorce râpeuse. Pas rappeuse, entendons-nous bien! Indé à souhait, ses deux labels « Howlin’ and Flippin’ » le prouvent, Trainfantome pète un opus bluffant. New mistake, sans faute, découpe par ses guitares et envoûte par son atmosphère. Les mélodies sont superbes. Adulthood, sur batterie massive et ambiance céleste, ouvre lui de nouvelles perspectives. Trainfantome, doté d’un tel rendu, élargit les siennes. Tunnel vision, d’abord ambient, finit par s’enhardir. Suivant de lentes montées, il s’emballe finalement franchement. Enthousiasmant, il livre des humeurs variables et des notes à la Sonic Youth dans certains recoins.
Photos Félix Barraud De Lagerie
Plus loin Fomo (part II), syncopé, de sa voix façon Thom Yorke (si si), s’emporte lui aussi après quelques instants. Au bout du compte, on se dégote une autre pépite. Elle bruisse, me voilà à cette heure-ci conquis. Thirst, éponyme, amène une certaine forme de quiétude. Bon, il resplendit. Et puis c’est tout. Il est court, mais on l’estime. Dans son élan Trust fall, au taquet, quasi rock’n’roll en son début, shoegaze entre autres et après ça, pointe fièrement. On relève, ici et encore, l’énergie du résultat, la marque de ses contours. La pertinence, au delà de ces choses, de la matière finale. Trainfantome et ses hommes, pour le coup, s’illustrent de bout en bout.
Sur la fin La déprime, brève pièce à la magnificence qui aurait mérité de se développer, précède le terminal From your side. Lestée et spatiale, la chanson enchante, pour une dernière fois, celui qui chanceux et averti aura acquis ce Thirst en tous points réussi, façonné par une formation qu’il va falloir suivre à la trace et aller voir en live, cela va sans dire, histoire de s’imprégner de leurs salvatrices bourrasques.