Adam El Mutant, déjà, m’avait ici bien plu. Son EP rose-azur, pur et parfois plus dur, d’une rêverie qui se transmet, visait juste. Avec Vol.2, le jeunot reste beau et reprend le flambeau, larguant une digne suite. En cinq titres, il tutoie des sphères un tantinet plus agitées, que Boy aborde pourtant avec une légèreté et une coloration dream-pop qui me ramène à mes 90’s chéries. D’emblée, ça matche. Je suis en phase, planant avec Adam. Ses guitares étoilent, son chant est en flottaison. On se laisse embarquer, sans résistance outrancière. Dans la foulée She said, doté de motifs à la Motorama, de vocaux à nouveau ouatés, agité et saccadé, sème lui aussi ses graines. De bonheur. Vol.2 est fertile, sincère comme son auteur, élagué de toute médiocrité. Diamonds, psych-pop gentiment griffue -on aime, Adam, tes guitares, ta pop volante, ta voix d’ange espiègle-, s’offre une échappée « guitarisée » stylée comme c’est pas permis. Adam, lui, n’a même pas le sien. Au bitume il préfère le son, sur ce point et à défaut de conduire il ne cesse de nous séduire.
Photos Will Dum
Ainsi Sunny Day, chanson-soleil au refrain entêtant, charme t-elle sans appel. Adam a pour lui la vérité, ce don de compositions, simple et constamment probant, qui illumine ses sorties dans une allégorie retenue. Son EP est une songe, protecteur, enveloppant. Un espace sécure. On n’en vit que mieux, il distille finesse et tons quasi shoegaze par bribes. Au fil des passages, on en prend possession jusqu’à, presque jalousement, se le garder sous le coude. Je vous le dévoile, toutefois, puisque le laisser dans l’ombre eut été injuste. Nos talents, dans cette ville d’Amiens, pullulent. Adam El Mutant, parmi ceux-ci, truste un rang élevé. Son Vol.2 sort chez Tête Froide; nul doute qu’il la gardera, trop modeste pour sombrer dans la prétention. On le salue bien bas, en plus d’être un foutu bon gars il nous repait en l’occurrence d’une galette que Goodbye, ultime offrande aux airs de reviens-y, ourlée à la limpidité, de choeurs merveilleux et de fin speedée comme on n’osait plus l’espérer, conclut avec superbe.