2 cd ou 4 vinyles, tous remplis jusqu’à ras bord. Un recueil, comme son nom l’indique, truffé de standards power-pop immédiats. Voilà ce que nous offre Superchunk, titres inédits sur support physique en prime. Ca démarre avec Learned to surf, totalement jubilatoire. Ca ne finira que longtemps plus tard, au gré de ce Blinders à la pop rutilante, un tant soit peu assagie pour le coup. Mais d’impact préservé. Entre deux, reprises (le In between days de The Cure, « Superchunkisé »), versions acoustiques d’éclat, et morceaux phare à la pelle. Guitares jouissives, chant nasillard d’emblée reconnaissable. Energie punk, maintes fois déclinée comme le démontre, entre autres, le furieux et énorme Bad influence, en moins d’une minute. Un coup de bélier terrible, direct et sans détour aucun. Qui a d’ailleurs pour suite Where Eagles Dare, puissant, hargneux. Superchunk, on le sait, se plait à aligner les lingots sonores.
Les mélodies, faites maison, jonchent les disques. Screw it up en regorge, les démos elles aussi (celle de Learned to surf, jouée comme au coin du feu, pue le ressenti) se font valoir. A l’écoute, on s’enfile tout. C’est sans discontinuer que l’on gobe ce Misfits & Mistakes: Singles, B-sides & Strays 2007–2023, sorti chez Merge. Ce qui, on l’aura aisément compris, constitue un gage de qualité. Crossed wires, de l’indé, tire la quintessence. Superchunk est une référence, February punk le présente en habits punky bien teigneux. Plus loin This summer, avant le Cruel summer speedé à souhait de qui vous savez, enfourne un mid-tempo de classe.
On plie, celui qui sait ne sera pas surpris. Mais tout de même, quelle maestria! Autant de tubes, de trésors définitifs, c’est la marque des plus grands. Superchunk, qu’il défouraille ou débranche les manches (Break the glass, de première main), fait merveille. Il déteste l’histoire (I Hate History), mais la sienne vaut la peine d’être auditionnée. Au fil de toutes ces années, il n’a cessé, ou presque, de nous régaler de ses compositions exemplaires. En live, avec Free Money (Live) [feat. Eleanor Friedberger], et pas seulement, il vitriole ses chansons. Oh Oh I Love Her So, pied au plancher, en atteste. I don’t feel young, bain de jouvence pop saccadé, puis plus frontale, euphorise. Je devrais tout citer, tout décrire mais avec cinquante tracks au compteur, le mieux est encore de les écouter.
Alice, énième lingot en clin d’oeil aux Sisters of Mercy, crédibilise plus encore la clique, qui a décidément bon goût. Cette généreuse sortie la sacre si besoin, toutefois, était. Group sex, où déboule Jane Wiedlin, castagne un punk-rock au chant sucré/mutin. Misfits & Mistakes: Singles, B-sides & Strays 2007–2023 n’admet pas, surtout pas, la médiocrité. Il se déploie à grand renfort de créations élevées, à l’image d’une discographie fournie et dénuée de ratés. Indispensable.