Ils sont parait-il art rock, j’en sais rien mais je les aime bien. J’ai déjà parlé d’eux, plusieurs fois, en termes élogieux. The Guru Guru, de Belgique, tronçonne ici un Make (Less) Babies bruyant, porteur de dix titres jonchés de remous. Leurs rythmes se plient, prennent des routes à lacets, la basse groove et pulse (Lemon-aid, lemon-cello (bear dance)), on se cogne un entrelac de sons fous et percutants. Les mélodies, l’inspiration sonore, ne sont évidemment pas exemptes de ce joyeux foutoir. Bon, pas le temps de tergiverser; Not awake (the baseballs) a le riff cru et l’attaque frétillante. On part bien, on finira semblablement. Faudra les voir sur scène, ces gars-là. A mon humble avis, ça dépotera. Jack shit/jackpot, à l’entrain irrémédiable, me renforce dans ce constat. Il est en furie, maîtrisé toutefois.
The Guru Guru, cette fois encore, convainc. Lemon-aid, lemon-cello (bear dance), évoqué là-haut, en remet une cuillerée. Puis Supply on demand (sunshinin’ on my dinin’), plus poppy dirait-on, amène un plus en termes d’approche. Il fait, en outre, respirer l’ensemble. L’éponyme Make less babies, renouant avec de l’endiablé/saccadé au parlé-chanté bien vu, complète la fête avec grand brio. On notera que le disque, bonus certain, se fait jour sur deux putains de labels. Pour fêter ça, il balourde un In 2073 (plenty of other fish in the sea) mélodiquement alerte. La colère, en socle, charpente le rendu. Derrière ça, le monde deviendrait viable. Au son de Saint-Tropez, en tous les cas, on l’abordera plus sereinement. Tout autant, après ça, quand pétarade Lotta tension et ses ruades remarquées. Un titre changeant dans ses directions, sans pour autant fléchir.
The Guru Guru, sans gourou, se forge au courroux. Contre le quotidien. Mais son écoute, je le répète, en allège le poids. C’est en musique, m’est avis, qu’on trouvera la cure. Make (Less) Babies, accompli, guidera notre quête. Il est rage, il la jugule, lui donne de beaux airs. Il livre Oh me (I can’t complain), joli comme c’est pas permis. La paix point: Joke’s on you (under over), chargé de boucler, offre une ambiance déliée à la splendeur comparable. Mais vite, il s’emphase. Avec retenue et ma parole, il remplit son rôle. Le verdict est clair et sans appel, The Guru Guru rafle la mise et signe là un sans faute, à la hauteur de son savoir-faire depuis belle lurette entériné.