Un pied dans la norme, l’autre dans la quête; Philippe Raimond ainsi avance, sous drapeau ichliebelove. Avec pour mentors l’artiste/chanteuse Alice Champion et Manuel Duval de chez Rien Virgule, qui produit le disque, il bricole une pop qui enchante. Amicalement foutraque, lo-fi, elle dérape lunairement (LIQUID TIME, que tu ne te sortiras pas du crane), s’amorce au gré de ce THE BEGINNING AND THE END OF THE ANTHROPOCENE spatial, au paysage rêveur doté d’un chant léger. D’emblée, on est capté. Il y a chez ichliebelove une flanelle un brin décousue, avec des trous dedans, qui « superbifie » le tout. DE LA VIANDE, électro et pas que, loin s’en faut, dessine lui aussi des formes merveilleuses. Fantaisie sonore bien pensée, textes extravagants, sorties de route patinées, tout est fait pour qu’on y reste. Il embarque, ce HYPERHERZ, sans avoir l’air d’y toucher.
I MUST BE HAPPY, minimal, prolonge le songe. La galette fait du bien, en même temps qu’elle esquisse de nouvelles routes. Sans trop de heurts, elle fait notre bonheur. Elle s’anime, ici, secouant sa torpeur jusqu’à s’insinuer. HAD SOME GOOD TIMES, de ses giclées acides, de ses flux et ressacs, fait sensation(s). On n’en a pas fini, toutefois, puisqu’arrive LET THE FIRE BURN qui de son côté, bourru comme mélodieux, s’en vient valider la dextérité d’ ichliebelove. LIKE A TRAP, qui lui fait suite, joue une électro-pop synthétique céleste, répétée sans ennuyer.
HYPERHERZ, vous l’aurez compris, ne nous quittera pas de sitôt. C’est chez We Are Unique! qu’il sort, il l’est d’ailleurs un peu et traduit parfaitement l’esprit du sieur Raimond, trouvant son terme dans l’éclat de BLAME IT ON THE CORE OF EARTH. Une friandise délicate, réitérative elle aussi mais qui parait, néanmoins, se situer sur le fil. Elle prend de l’ampleur, j’aimerais qu’elle arrache tout. Je suis écorché, ceux qui me lisent le savent. Ca ne se produira pas (l’embardée tarée) mais ichliebelove, doué, dépose au creux de nos lobes un délice continu et immersif au possible.