Album « The Seven Crowns + Live at Roadburn » en poche, tout frais, tout blast et tout percutant, Trounce répond aux questions de Will Dum….
1. Trounce, c’est fait de qui ? Le projet est nouveau, qu’est-ce qui vous amenés à vous unir ?
J’ai le sentiment que ce petit texte promo qu’on a rédigé répondra parfaitement à la question, alors je me permets de le copier ici :
« TROUNCE est un projet mené par Jonathan Nido (Coilguns), le fondateur et directeur de Hummus Records. Il a écrit les chansons en 2020, tout en travaillant sur le quatrième album de Coilguns, et a décidé de créer un projet parallèle pour équilibrer ce processus méticuleux. Initialement inspiré par l’album « Diabolis Interium » de Dark Funeral, Nido a programmé des blastbeats et enregistré des riffs de guitares sans trop réfléchir. En novembre dernier il réunit un groupe autour de lui afin de répondre à l’invitation du Roadburn Festival, qui commande à Jonathan la création d’un set spécial pour le festival. Le groupe comprend Anna Sauter-McDowell (Yrre) aux bruits et chuchotements sataniques, Lea Martinez (Svarts) aux synthétiseurs et au chant, Luc Hess (Coilguns) à la batterie et Naser Sulejmani (Yrre) à la guitare. Renaud Meichtry (Kruger), également employé chez Hummus Records, assure les paroles et les voix. Kevin Galland, qui est le bassiste de Coilguns et ingénieur du son pour divers groupes du label, s’occupe de l’enregistrement, du mixage et du son live.
Guillaume Ducommun joue le rôle du 8ème membre du groupe en apportant sa vision sans compromis et minimaliste de la lumière sur scène. Le projet sert de « bac à sable » aux déviations artistiques de Jonathan Nido, et le groupe vise à offrir une expérience complète, du studio à la scène. Avec les photographies de Roberto Romano et des illustrations de Bryan Maita, Trounce propose également un paysage visuel très sombre mais magnifique pour compléter leur travail ».
2. Qu’est-ce qui, aussi, vous a incités à pratiquer ce son qui déjà, à mes yeux, vous distingue sensiblement ? Comment le qualifiez-vous ?
On pourrait dire que c’est une sorte de « rock rien à foutre et épique rempli de blastbeats ». Pour moi c’est juste une interprétation de tous les codes des musiques extrêmes absorbés durant les 20 dernières années. J’y ai mis un peu de tout ce que je trouvais super, beaucoup de ce que je trouvais kitch et pas adapté à mes autres projets (principalement Coilguns), puis pas mal de clins d’œil à tous les disques de « métal » qui m’ont fait rêver au début des année 2000. Ce qui est sûr, c’est que les voix allaient être déterminante. J’avais envie que l’instru soit relativement identifiable à du métal extrême, mais avais aussi le sentiment que la voix allait être primordiale pour rendre le tout VRAIMENT épique et plus « rock ». Le brief que j’ai donné à Renaud était que dès qu’il avait envie d’hurler, il ne fallait surtout pas le faire. C’est peut-être aussi ça qui donne l’impression d’un truc un peu plus singulier. J’ai un pote qui a écouté l’album et m’a écrit ça :
”On dirait les Queens of the Stone Age du Black Métal”
J’ai trouvé ça génial! De mon côté j’ai aussi l’impression de jouer dans un groupe de rock (bien vénère) et aussi très divertissant, avec un chanteur à l’attitude plutôt noise rock.
3. Est-ce, ce son puissant et bien à vous, un rempart contre la vice du monde ?
Je comprends pas la question. Mais c’est un rempart contre rien du tout. Juste un projet que j’avais besoin de me sortir de la tête, une bonne excuse pour monter le groupe dont je rêvais à 17 ans, mais 20 ans plus tard, et faire ce qu’on fait dans la vie avec les copains : monter sur scène, avoir l’impression de jouer nos vies à chaque note tout en rigolant et en ne se prenant pas trop au sérieux. Ce qui est surtout super, c’est toutes ces personnes sur scène et autour de moi qui ont accepté de porter ma vision artistique et ça, c’est quelque chose qui me touche énormément.
4. Le label Humus Records semble étroitement lié à votre parcours, pouvez-vous m’en dire plus ?
C’est dans le cadre d’une carte blanche du Roadburn festival que j’ai monté une équipe pour présenter ce projet sur scène. Le festival commande chaque année quatre créations (une par jour de festival) à des artistes. Ils m’ont proposé de faire partie des artistes commissionnés et comme ils avaient remarqué le travail du label en Suisse, ils m’ont specifiquement demandé de travailler avec des musicien.ne.s affilié au label Hummus Records. C’est donc une création live qui a été pilotée par le label dont je suis le fondateur et le directeur artistique également.
J’ai écrit les titres studio de Trounce en 2020 déjà, lorsqu’en parallèle je composais le prochain disque de Coilguns. Je ne savais pas trop quand et comment présenter ce travail et la commande de composition du Roaburn a mis un cadre à tout ça.
Coilguns est la raison pour laquelle j’ai créé le label, puis le développement de ce dernier nous a amené à travailler pour d’autres artistes et à en faire une activité viable. Mais le développement du label est intrinsèquement lié aux groupes dans lesquels on joue comme Trounce, Coilguns ou encore Louis Jucker (chanteur de Coilguns). C’est notre maison à la maison, le showroom de ce que nous proposons en tant qu’artistes. C’est notre vitrine, pour les artistes d’autres groupes c’est devenu une plate-forme de diffusion légitime et pour le réseau « pro » une façon de travailler appréciée ainsi que des artistes plutôt singuliers.
5. A quoi peut-on s’attendre au sujet de The Seven Crowns + Live at Roadburn, votre premier album à sortir le 20 octobre prochain ? Vous lui associez un live, cela signifie t-il que la scène est pour vous primordiale ?
Initialement ce projet ne devait SURTOUT pas faire de concerts. J’admets volontiers que certains titres seraient vraiment un challenge technique, pour moi, à jouer sur scène. Comme cela ne devait être qu’un projet de studio, je ne me suis pas trop posé de questions en composant. C’est uniquement quand le Roadburn m’a approché que j’ai considéré d’en faire une version live. Finalement ce n’est pas plus mal car c’est presque un autre groupe sur scène. Certains titres sont joués quasi à l’identique, d’autres sont ré-interprétés et puis il y a ceux que nous avons mis en place ensemble pour le live seulement. Le concert est une sorte de long mouvement d’une heure, qui ne s’arrête jamais et qui me semble assez contemplatif dans l’ensemble. Alors que l’album, c’est vraiment un enchaînement sans fioriture de 11 titres de blasts.
6. Comment, d’ailleurs, vos premiers lives ont-ils été accueillis ?
Le premier concert a eu lieu au Roadburn Festival à Tilburg, en avril. C’était très impressionnant. Nous jouions à 14h et à 13h50 la salle (le Terminal) était remplie de 2’000 personnes qui nous attendaient. C’est ça, l’effet Roadburn et la mise en avant de projet commissionnée. C’est un public pointu et qui est là pour découvrir, particulièrement avec le saut d’approbation du festival. Nous nous sommes ensuite produits en juin, dans un festival pas du tout orienté « guitare » mais également très pointu, le Kilbi Festival en Suisse. C’était vraiment super car le public n’est pas du tout le même et nous étions le seul groupe de « Métal » au milieu d’artistes plus expérimentaux, électro ou indie. Pourtant on a vraiment tous ressenti un truc sur scène, en communion avec ce public qui dansait le sourire aux lèvres.
7. Vous êtes Suisses, je sais par expérience que la scène du pays est fournie et indé dans le contenu. Quel regard portez-vous sur celle-ci ? Existe t-il des groupes ou structures (hormis Hummus évidemment) dont vous vous sentez proches ou avec lesquels vous avez ou aimeriez collaborer ?
La scène suisse rayonne pas mal dans ce qui est soit pointu, soit underground. Mais à part quelques artistes qui s’exportent vraiment à l’échelle internationale, c’est un territoire qui n’est pas du tout visibilisé en Europe et plus loin car il n’y a pas simplement pas de marché ici et qu’il y a bien assez d’artistes partout, dans les plus grands pays limitrophes. Mais il faut dire que la scène suisse alternative est bien en vie et bien active et à défaut de vraiment s’exporter, c’est une scène qui impose un certain respect dans les scènes de niche. Je pense également que c’est une scène qui ose beaucoup de choses et qui a – particulièrement dans les musiques extrêmes – apporté sa pierre à l’édifice à travers plusieurs formations qui ont marquées et inspirées plusieurs pans de la scène extrême (Celtic Frost, Coroner, The Young Gods, Knut, Shora, Nostromo etc…).
On a collaboré pendant des années avec le label Division Records (qui ont cessé leurs activités l’année dernière), avec Two Gentlemen, Irascible et d’autr…
C’est un petit pays, presque tout le monde se connaît et il n’y a pas non plus des dizaines de labels qui sont très actifs; il est donc très facile de se retrouver à collaborer.
8. Pour finir, quel est votre programme en préalable à la sortie du disque ?
On a un peu répété avant de reprendre les concerts et puis en gros il y a la promo qui se déroule donc le temps dédié à Trounce, qui actuellement se partage entre répondre à des interviews, coordonner la promotion du disque, créer des contenus et se préparer pour les concerts à venir. Pas dégueu comme boulot!