C’est dans un Halo d’incertitude, d’interrogation matinée de surprise, que je pris la route pour cette venue de Grand Blanc, attendue. A Saint Quentin ils me conquirent, auteurs d’un live persuasif, incisif aussi. A Amiens c’est bourré de doutes que le rockeur que je suis, enclin avant toute chose au son qui dérape, prit place dans les gradins de la Lune des Pirates pour, surpris, voir Camille Delvecchio et ses acolytes ouvrir, ne les reconnaissant qu’après quelques instants. M’attendant à les voir conclure, j’eus du mal à prendre la mesure de leur pop nacrée, paisible, en visible quête de quiétude, à la chasse du moindre tourment. Mais Grand Blanc est beau, sensible, touchant. Il effleure sa pop, la teinte d’un bref shoegaze, de montées bridées. Grand Blanc, paré de rose, aurait-il trouvé la paix? La rose sans épines, Dans le jardin la nuit?
Grand Blanc.
Je m’ennuie, pourtant ce soir je saisis: les paysages de Grand Blanc, pensés à Noyon donc quasi localement, s’inscrivent dans une splendeur gentiment trouble. Comme si la joie, au bout de l’épreuve, prenait les commandes. Il faut s’y faire, c’est sans conteste possible. La foule crie, hulule, se liesse. Je reste en phase, Nuit des temps est superbe. Pilule bleue, en ouverture, se harpe sans emphase. Au fil du set on entend, discrets mais bien sentis, des écarts stellaires, sombres, qui avantagent le groupe. M’est avis qu’une fois immergé, on ferme les yeux et la nuit tombe, salvatrice. Le jeu est fin; minimal, Grand Blanc remplit l’espace. Il y flotte, me vient l’envie de réclamer. Un Bosphore, un Aurore en plein soir. Grand Blanc s’y drape (L’Aurore), amicalement dissonant. Quand ça lui prend. J’aime Grand Blanc, son audace, sa vérité, sa prise de risques car là où tu l’espères féroce, il te livre ouate et climat(s). Il t’attrape. Il est Halo, son Belleville dépouillé crache un terme noisy à souhait. Je ne sais plus quoi penser, je sais juste que j’aime ces gens. La foule, nourrie, clappe des mains. A l’écriture, présentement, j’écoute Halo. Il reluit, de bout en bout. Il enrobe, gracile, mon début de nuit. Le samedi, je le sais, sera Halo.
Grand Blanc.
Mon voisin d’la Lune, gavé aux 90’s, m’évoque The Wedding Present. Je lui offre, du coup, un gobelet de rouge. Rallye se prépare, à ma sixième gorgée il démarre. C’était peut-être la huitième, il n’en reste pas moins que le chant, mélodique, sucré, d’abord nous repousse. Il existe bel et bien néanmoins, derrière ça, une pop certes mélodique, mais aussi des élans. Une forme de brassage, post-punk on dirait, synthétique, déroutant. Organique aussi, partant tantôt à l’offensive. Rallye, aussi, trace et quitte la route. Ca se prend. Je suis, ce jeudi soir, quelque peu désarçonné. Il y a du bon, chez Rallye. Une valeur, une approche, une plus-value que je ne parviens pas à totalement capter. Je m’en voudrais presque, devant moi Camille s’éclate. T-shirt Rallye sur le dos, elle montera plus tard sur scène, les rejoindre, avec ses collègues de vie. Et là le bonheur, perforant. L’Amour fou, joué en clique de potes. Je raisonne de travers/Rien ne sonne faux/Ta gueule idole/C’est l’amour fou/Ces bruits étranges/C’est l’amour fou. Je les quitte là d’ssus, revenu at home je ne retrouverai plus même mon Image au mur, vainement recherché à la lueur d’une lampe torche. Mémoires vives, dans le Scenic, fera demain l’affaire. J’insisterai, j’y retournerai et croyez-moi ou non; je ne manquerai sûrement pas, en l’occurrence, de me faire gagner par les salves de ces deux groupes vertueux.
Rallye.
Photos WD.