C’est à l’écoute de Parquet, auteur d’un jouissifissime Sparkles & Mud, que j’écris ces lignes. Elles visent et mettent en relief Villa Fantôme, tête d’affiche d’une date Mic-Macienne qu’à l’instar de bien d’autres, nous garderons comme un précieux et vivant souvenir. C’est d’ailleurs avec Pierre, chanteur de ladite formation, que je converse à mon arrivée. La Ruda Salska, puis La Ruda bien sûr, ses lives de mes yeux vus (Corbie, La Boule Bleue, le Murmure du Son), l’adrénaline du live alimentent les échanges. Le travail social aussi, puisque Pierre en est tout comme moi. Chardonnay en main, j’écoute ensuite les disques du DJ, l’ex Discophile Olivier Chatelain, dont un New York Noise pas piqué des vers. De quoi se sentir bien, plus tard je renverserai la bière d’une fille mais ça me vaudra des bises. We don’t care, les valeureux et délirants Jus de Société investissent la scène.
Jus de Société
C’est punk, c’est imaginativement potache (dans le bon sens du terme, bien évidemment), les morceaux sont géniaux. Courts, percutants, saccadés. Volutes de synthés, guitares excitées, rythmes made in Oscar, basse grasse parce que Louis est dans la place; tout baigne. Ca crashe, Paillette étincèle. J’adore. Ah non, pardon; nous adorons. Bernie et Jean-Louis, au passage, raflent chacun leur titre. Mérité! A Omiens et comme déjà dit, les groupes arrachent. Jus de Société, performant, orignal, n’en est pas exempt. Il ouvre avec panache, met des coups de cravache et se barre parce que bon, y’a pas 12 000 titres à jouer non plus hein, faut pas déconner! Antisocial, Jus de Société nous à ce soir faits rêver d’un autre monde, le temps d’un foutoir un peu plus que profitable et sans perdre son sang chaud. Je sors humer l’air frais, impatient parce que Megasurf, lui aussi, vaut son pesant de clap-clap.
Megasurf
Putain, trop bien. L’indé parfait de ce groupe surfe, mord à pleines dents (de la mer), associe ses chants, polit ses mélodies, les salope un peu aussi. Quand tu vois le line-up, t’façon, tu te dis banco. Je me dis par moments, et je pèse mes mots, que ceux-ci n’ont rien à envier aux plus reconnus. C’est juste qu’ils sont mois en vue, ils gagneraient à l’être alors jubilons, c’est bel et bien pour nous que le quatuor envoie le bousin ce Friday soir. Le Français passe easy, quel que soit le projet ces gens-là aboutissent ce qu’ils font. Vivement les MEGA DEMOS, dispo je sais plus quand au format K7 et ouais c’est l’jeu ma pauv’Lucette! Je l’achèterai au stand, tiens-toi prêt Charlie! Megasurf régale, chaque morceau est un cadeau. Jaloux je suis, la zik moi j’ai jamais su ni osé faire. Alors j’en parle, histoire d’enfouir les regrets. Je me dégote une Saint Rieul, me la verse dans la gueule. Merci Megasurf! A ta santé je trinque, à ton concert je lève mon verre. Et c’est pas volé.
Villa Fantôme
Elle est bien fraiche; Villa Fantome, lui, est chaud. Sa mixture est ajustée, les cuivres lui insufflent ce surplus d’impact qui fait la différence, la « faute » à des compos de haute volée que la scène de toute évidence transcende. La guitare, aussi, épice le bazar. Mais c’est à l’unisson, audible, au gré des mimiques de Pierrot, du savoir-faire de ses compagnons de route, que la partie se gagne. L’expérience a du bon, le registre est certifié. Le Mic Mac est en vrac, la liesse fait bouger les fesses et même les corps voler, enfin un surtout, au dessus de la foule. Sur une grosse quinzaine de morceaux, Villa Fantôme atomise son monde. De Fantôme dans les rues fantômes, en départ canon d’une coolitude ska hyper communicative, en passant par l’hymne Sentimentale n’est pas la foule pour empiler les pépites avec grand mérite, le quintette se hisse là-haut. Dieu n’est pas bon danseur, moi non plus mais qu’importe, Villa Fantôme texte adroitement et joue classieusement, dans une vigueur récurrente.
Villa Fantôme
Cavaliers dans la plaine galope, franc du riff. Des messies pour des lanternes, avant lui, aura déferlé. Et groové. Série noire j’t’en parle même pas, même son clip y cartonne! Je pourrais tout citer, mais je m’en garde, c’est une Question de contrôle. Point trop n’en faut, Villa Fantôme ne se résume pas par le mot (quoique…); il est de ceux pour lesquels tu traces la route sans même y réfléchir. Un deuxième photographe, à mes côtés, vient d’ailleurs de Lille. De ce set il tire, sans modération, avec jubilation, un profit maximal. Villa Fantôme a tout (pour plaire), il a des atouts, façonne un ensemble qui rassemble. On sirote son live, que dis-je on l’engloutit tout entier. Venu nous chercher, Villa Fantôme nous a trouvés. C’est dans la sueur qu’il repart, au bout d’une Rivère sans retour, d’un gig d’une trempe imprenable et d’une musicalité aussi vivifiante que concluante. Magistral et puis c’est tout, et merci de m’avoir lu. J’en étais et m’en souviendrai, Villa Fantômisé pour un foutu bout de temps.
Villa Fantôme
Photos Will Dum