Population II arrive de Montréal, il chemine sans règles et a déjà ouvert, souvent, pour les Osees. Explosif, chantant dans notre langue, il incendie le parterre. Orlando, en dépit d’une amorce brumeuse, frétille, laisse filtrer des parties de claviers cosmiques, se mettant à groover sans limite de talent. Psyché, céleste, bouillonnant, armé de balafres sans ménagement, le début est tout bonnement magistral. C’t’au boute, aussi marquant, nous rentre dedans. En ressortent, aiguisées, des poussées tarées. 70’s mais hybride, le rendu va faire la nique à pas mal d’adversaires. Ici ses voix dévient, font dans le doux, jamais sans relief. La basse louvoie, les sons fusent de partout. Régal. C.T.Q.S., de sa batterie souple qui porte des élans stellaires, va se percher tout là-haut. Il se calme, avant une fin pour le moins remuante. Réussite? La question ne se pose pas et Beau baptême, dans la foulée, inclut des scories jazzy que sa subtilité illumine. Il se fissure, à son tour, jusqu’à imposer ses teintures.
Électrons libres du Québec, antidote à l’ennui, enchaine au gré d’un Tô Kébec à la force de frappe ahurissante. Braillard, bourru, le morceau dégorge un rock offensif. Il part à l’attaque, arrache tout sur son chemin. Il se tempère, comme d’autres, en faisant valoir ses textes. Ses décors aussi, ici finauds. On adhère, on adore. Lune Rouge, climatique puis caractériel, propose de son côté une épopée aux guitares loquaces. Population II ne se qualifie pas, bien trop large et inspiré pour se laisser résumer. Il brouille les pistes, passe la cinquième, rétrograde, réalise un festival. Le sien. Réservoir, sur six minutes cadencées, enciélées, plaira à l’instar de l’ensemble. On ne trouvera rien, en l’occurrence, qui puisse discréditer le groupe.
Photos Didier Pigeon-Perreault
Son opus, merveilleux donc, est édité par Bonsound. Ca devrait vous parler. Rapaillé, exotique, ondule et brille instrumentalement. Population II riffe, ébouriffe, affichant un don pour la création qui déchainera les passions. Il a du style, de l’unisson, des structures free et captivantes. Pourquoi qu’on dort pas, qui nous en empêchera, conclut dans la patine vocale. L’écrin, pour le coup, est bridé. Ca lui réussit tout autant, et de toute manière l’incartade arrive sans tarder. Superbe, la chanson borde un Électrons libres du Québec que tu écouteras sans calculer, riche qu’il est, dans le but d’en saisir toute la portée.