Mazette, j’avais rien demandé, on me l’a refilé, j’en suis tour retourné! Ahora, le nouveau méfait des Espagnoles de Melenas, est une galette tout à la fois cosmique (l’éponyme et introductif Ahora, perché et pourtant pulsant), enlevée, kraut, tribale et que-sais-je encore, imaginative de bout en bout. Ses synthés volettent, virevoltent. Ses sentiers s’élèvent, K2 groove jusqu’à plus soif et t’entraine dans sa sarabande sonore magistrale. On traverse le ciel, mais le trip n’est pas spécialement paisible. Il se vit, en tous les cas, intensément. Les chansons sont superbement serties, assorties, tandis que le rendu d’ensemble s’éloigne du figé. Ahora est enivrant. 1986, sorte de pop stellaire alerte et dynamique, entérine la grande forme du quatuor. Celui-ci fuzze, polit ses mélodies mais sait aussi les saloper. Le morceau breake, flouté, puis repart dans une pluie de sonorités enthousiasmantes.
Dos pasajeros, spatial, pose le jeu. Sans empressement, il prend de l’ampleur. Flor de la frontera, s’il parait d’abord prendre le même chemin, fait toutefois le choix d’un tracé psyché assez animé. Le voyage se poursuit, savamment préparé. Bang, kraut, joliment synthétisé, a du chien et peut brusquer. Melenas fait le job, sa langue natale lui refile de la classe en plus. Promesas, en vagues de notes dark, dessine lui aussi des contours séduisants. Il est lent, hypnotique aussi. Tú y yo, saccadé, ne s’empresse pas plus. Pourtant Melenas, dans cette option, s’en tire remarquablement. Puis le titre, assez vite, s’emballe et fait valoir des sons une fois de plus bien vus.
En fin de route Mal, post-punk merveilleux, poppy, filant, permet aux dames de ne pas flancher. L’objet est édité par Trouble in Mind, sur ce Mal les synthés font encore sensation, couplés aux instruments usuels. 1,000 canciones se charge, enfin, de clore l’album. Il laisse, pour une dernière fois, les volutes sonores charmer. Sans trop de heurts mais avec bonheur, avec une certaine maestria dans la création, Melenas évolue sans se trahir, déposant au creux de nos oreilles un Ahora de bien belle facture.