Sorti à la base en 1988, en pleine pluie indé bienfaisante, le Stratosphere de Duster est réédité par Numero Group. D’un slowcore splendide, il fournit ici dix-sept morceaux lents jusqu’à nous faire sombrer dans des rêves infinis, s’agitant parfois au point d’encore nous posséder (Docking the pod, noisy comme on le voulait). A partir de Moon age, céleste, le voyage est amorcé. Heading for the door, déjà un standard, marie voix douce, comme lointaine, et motifs répétés complètement enchanteurs. Le rythme se coupe, l’accroche reste forte. Gold dust est fait d’or, même sans chant Duster séduit imparablement. Tropical solution réitère une lancinance chloroformée du plus bel effet, arme fatale du clan de San Jose. Lequel, à l’occasion d’un Echo, bravo expérimental, bruissant et hagard, s’extirpe de sa zone de confort. Il n’en est que meilleur encore. Fuzz, le morceau se fend de chants à nouveau songeurs. Superbe.
Généreux, l’opus régale. Constellations réinstaure un cheminement paresseux, aux pas comptés. Alors, on approuve. Inside out induit les mêmes sensations, le tapage mesuré de Duster est d’une portée conséquente. Stratosphere, éponyme donc, vire shoegaze en son début. Sa batterie est massive, assénée. Le rendu surnage, excellentissime. Reed To Hillsborough redit lui aussi ses notes, gentiment déviantes, pour ensuite s’apaiser. L’effet est saisissant. Jusqu’à Sideria, terminaison brumeuse et nébuleuse, on n’aura de cesse de s’extasier d’une ressortie grandement pertinente, que Earth moon transit aura avant sa fin encore relevée d’un cran par le biais de son rock noisy délectable au nappage shoegaze. Splendide et indispensable, Stratosphere nous emmène dans ce lieu décrit par son intitulé, porteur d’une ribambelle de compositions largement au dessus du tas.