Projet du compositeur et producteur américain Blake Aaron Henderson, TaughtMe évolue dans une veine douce, sensible, qui peut lasser. Son Laugh on me, travaillé, livre des titres dont il faut faire l’effort de s’immerger sous peine, malheureusement, de décrocher devant la bien belle et apparente « inertie » du tout. Dès l’éponyme Laugh on me, après une courte amorce, une trame à l’emphase merveilleuse se met en place. Collaboratif -il inclut entre autres des featurings d’Alabaster DePlume, Úlfur Hansson, Samuli Kosminen et Gýða Valtýsdóttir de Múm, Tom Monger de Florence and The Machine ou encore Piero Perelli, l’opus a aussi ce pouvoir de séduction, cette maestria sonore parfois en or, qui ralliera bon nombre d’entre vous. Ballon de rouge en main, à mon sens, il prend toute son ampleur. Imaginary crimes, élégamment sombre, dessine un paysage aussi feutré que tumultueux. Il s’emporte, retombe, opte pour une ouate dont on s’enveloppera. Il a du style, c’est indéniable. Sans en faire mon quotidien, j’en reconnais la grande valeur.
In the body, folky, s’éveille majestueusement. Et sans empressement. Vocalement, il demeure ressenti. TaughtMe façonne avec brio, la richesse de son panel instrumental lui permet de viser juste et d’élaborer des pièces de marque. Je regrette, la guettant toutefois, l’absence d’énergie débridée. Là n’est pas son propos, c’est plutôt dans le velours éparsement caractériel que l’artiste trouve son assise. Cuddle, à mi-chemin, le démontre. Il est soft, sa fin néanmoins s’emballe et lacère l’horizon. Your body is yours, lui faisant suite, l’imite dans un fracas moins marqué.
Photos Aubrey Trinnaman.
Plus loin Shutter up, qu’on dirait trip-hop, scintille à son tour. Comme certains, il prend de l’envergure, crée un tapage de marque. Retenu, mais remarquable. Settle suit, sur sa fin ou presque il délivre lui aussi une envolée superbe. Alors ok, j’adhère. When I calm down affiche une splendeur similaire, aux embardées notables. TaughtMe s’y prend bien, entouré comme il se doit. My beautiful friends confirme, au final ces déploiements sans vitesse ont raison de l’auditeur. Sorry maybe, à l’heure des au revoir, clôturant sans heurts un album de qualité permanente.