Chicagoan, Slow Pulp fabrique une pop-rock indé d’obédience 90’s. Yard, son nouvel album, trace tout ça sur dix titres rutilants qu’une voix féminine anime. Gone 2, Breeders « désélectrifié » dans le ton, épuré, inaugure la série. Il est beau, sensible. Doubt, bien plus riffeur, syncopé, suit avec rudesse et douceur -chantée- dans le même temps. A l’écoute il semble qu’on soit parti, à l’évidence, pour une collection de tout premier ordre. C’est d’ailleurs ce que nous dit Cramps, cavalcade rock teigneuse et alerte. 90’s, vous disais-je. Et irrésistible. Ca me va parfaitement, c’est d’une traite qu’on écoutera cette galette. Slugs, lent et songeur, complète la palette avec joliesse. Ses guitares dérapent, semant du noisy estimable. Yard, éponyme, distille de son côté une trame dénudée, exempte de rythme. Il s’élève, magnifiquement.
Dans son sillage Carina phone 1000, folk-indé, fait un peu de même. Ses motifs scintillent, à chaque titre joué on tire profit d’un enrobage de qualité première. Worm durcit le ton, fuzz, bourru sans massacrer ses mélodies. Slow Pulp excelle, à aucun moment on ne le sent plier. Tel un Yuck, il collectionne les morceaux accrocheurs. Mud, s’il fait retomber l’énergie, offre toutefois une autre pièce notable. Les mélopées de Slow Pulp, quoiqu’il en soit, raflent la mise. Puis la chanson, doté de soudaines envolées giflantes, vire plus hardi. Rien, sur l’opus, n’amène le groupe à baisser la garde.
Photo Alexa Viscius
En fin de route Broadview, country dans ses notes, m’évoque brièvement Neil Young. Lui aussi scintille, amorçant une dernière ligne droite à prendre en compte. Enfin Fishes, élagué, rêveur et joué « près du feu », comme si Slow Pulp siégeait à nôs cotés, termine avec prestance tout en prenant fin dans un brouillon lo-fi à relever. Slow Pulp, avec ce Yard clinquant sorti chez les recommandables ANTI-, signant un effort constamment concluant, difficilement négligeable pour tout ceux qui comme moi, sont directement et ouvertement issus de nos 90’s préférentielles.