Noirceur et acuité en bandoulière, dans une lucide ironie -dans une ironique lucidité aussi, tant qu’à faire-, Bruit Noir nous revient divin. Il devait en finir, m’est avis qu’il y arrive pas. Son méfait s’appelle IV/III, je l’écoute par lampées entières, fort et souvent. J’en aime la bile, le mot sali, le verbe acerbe. Ses treize titres règlements de compte, humains autant qu’on peut l’être en cette époque. Ses susurrations, ses vagues hip-hop et scories indus. Ses remous et pulsions rythmiques (Animaux), son entièreté et son intégrité. Intro l’amorce, brumeux. Fantomatique, comme sans vie. Ou disparaissant. Mais Bruit Noir, oh joie!, est toujours là. Bruit Noir IV chuchote, ose à peine se rythmer. Pudique? Surtout pas. Captivant? En tous points. Il en marque, d’ailleurs, à nouveau, sur les syncopes nerveuses de Coup d’état. Tir à vue sur la vieillesse, « vieux » réitéré jusqu’à s’en enterrer. Dérision, inspiration. A tous les étages. Et jamais de bas étage. Putain, j’adore. Les instrumentaux, malades mentaux, se revendent sous le manteau. C’est d’la zik de contrebande, déviante, passionnante. Elle n’épargne personne et damned, elle sonne grave.
Chanteur engagé, hilarante moquerie (Sting, si tu me lis…). Chanteur engagé, c’est d’la merde (Moby, si tu me lis…). Bruit Noir a du style, d’un genre qui ne se nomme pas. Son registre est à lui, il ose ce que beaucoup taisent. Pour cela on l’aime. Il est gris, vieux, meilleur que tous. « Plus pire » aussi, alors au dessus. Du lot. Petit Prince, à la riche solitude, offre ses ondulations. Il est tragique, faussement compatissant. Sa cadence, hors-contrôle. Il vire orchestral, il n’est que magistral. Le visiteur, ensuite, claque des percus marquées. Histoire de vie, clin d’oeil aux accidentés. Rendez-vous à l’autre, spirale des écueils. Bruit Noir fait penser, ses mots si on va les chercher disent bien des choses. Tourette, bien nommé, s’agite dans sa cellule. Bouaziz jure, impur. Il est parfait. Il dénonce, calme le jeu, puis laisse place à Artistes et ses airs de Joy Div’. Excellent, comme tout ici. Hurleur aussi, insultant. Dans la gueule du monde, de l’artiste diarrhée.
IV/III, de bout en bout, tutoie le meilleur. Ah non, il le dépasse. Le surpasse. Calme ta joie, paisible enfin dans le son, éteint la félicité. Il énumère. Les dégâts, l’histoire en foire. Calme ta joie, mais caaalme ta joie. Superbe. Désillusionné, je nage dans la satisfaction. Communiste est pété, donc clairvoyant. François, quand au foot je te (re)croiserai, à l’Olympique Amienois, côté droit (si si) de notre attaque, je te filerai ce skeud. Tu y trouveras, sieur Ruffin, Béatrice. Drôle de compagne. Giclée de dégoût, Bruit Noir vieille merde (entre autres). Ornement stylé, morceau une fois de plus conséquent. IV/III est énorme. Il n’y prétend pas, mais il y parvient. Animaux, nommé plus haut, l’agite et le consacre.
Merci Pascal, avec ton Mitch et ses machines tu surclasses la production actuelle. Il en faudra, des écoutes, pour tirer toute ta sève. Reste encore un peu, ton IV/III et ses Deux enfants touchants appelle forcément une suite. Puis si tu pars, on ira la dégoter où, la rancoeur de nos coeurs? Allez, déconne pas, t’es papa tout d’même! En bisbille avec tout, tu ne lâches rien. Alors avec toi, on s’accroche. Aux branches mortes, à ton disque, à sa prise de risques. A cette fin inattendue, en vieux-vieux-vieux folkisants du plus bel effet. Ton Bruit est Noir mais il nous grise, le temps de treize ritournelles d’un niveau que sûrement, tu es le seul à pouvoir actuellement imposer.