Lalalar est de retour, doté de sa formule fatale. En Kötü Iyi Olur, frappé de neuf titres de haut vol, marque son avancée. Définitivement. Entre Anatolie, incrustes club, électro et rock épars mais notoire, le trio d’Istanbul vise dans le mille. Avucunu Yalıyor ouvre le bal, séquences « psychélectro » parmi ses armes. Le chant emmène, là-bas. Les sons poussent l’échappée; on renoue avec une recette qui risque fort de consacrer, sans trop tarder, les ressortissants de la divine Turquie. Le morceau accélère, bourré d’entrain. Excellent. Scéniquement énorme, Lalalar en fait autant sur sillons. Grejuva, saccadé, nerveux et typé, décoche une seconde flèche détonante. Ses notes s’enroulent, dans des spirales incoercibles. On ne se fait pas prier, conquis, pour suivre la marche imposée. Aynı Bokun Mavisi, où les basses ondulent -c’est l’un des atouts du groupe-, marie le mélodique et des embardées plus assénées. Là aussi, là encore, le résultat surnage avec maestria.
Plus loin Hem Evimsin Hem Cehennemim, groovy comme c’est pas permis, moite comme dans les clubs, dynamique à souhait, enfonce le clou. Lalalar est en grande forme, inspiré de bout en bout. Il pose le jeu, barré dans les cieux. Ce n’est que pour mieux repartir, breaker à nouveau, au point de nous envoûter sans nous laisser le choix. Sans retour possible. Percus tribales, vocaux comme étouffés. Puis Şekerleme, 80’s, où les basses à nouveau serpentent. Ca se danse, ce truc-là, jusqu’au petit matin. Les sons en vagues, encore, font péter le plaisir. Me voilà gagné, converti, avant même la fin des débats. Göt, filant, truffé de bruitages fous, m’emporte dans son incursion. Bien volontiers, je m’y plie.
Après lui Yaşamaya Bahane Ver, électro céleste, sombre et lumineuse, en contrastes, percutante comme retenue, en remet une louchée. S’il n’inclut pas même dix titres En Kötü Iyi Olur, au delà du simplement bon, aligne les réussites. Yarın Yokmuş Gibi, aux gimmicks merveilleux, rapide et vocalement remarquable, Anatolien et d’un peu partout, amorce la fin en nous rassasiant. Il casse sa course, psyché/vrillé. Lalalar fait un festival, par la grâce touché. Son ultime cuvée, qui répond au petit nom de Serüven, prend des airs quasi dub, perchés mais aussi acidulés, qui lui permettent de clore valeureusement un disque étincelant, largement à la hauteur des attentes qu’il a pu susciter.