Prenez un ex-Wise Dude’s Revolver, un actuel Hoboken Division/Head1st et quelques membres émérites de la Music Academy International de Nancy, claquez-les dans la même pièce. Ajoutez à ça leur commune passion pour la musique instrumentale des 60’s et 70’s. Au final ça nous donne Morland Skaker, combo (majoritairement) instru pas piqué des vers. Celui-ci groove de partout, rappelle les vieux cinés, trace des climats magiquement prenants. Le film était presque parfait, twistant, dansant en diable, remuant, racé comme c’est pas permis, vire presque surf, dans les guitares, brièvement. La dextérité de ces gaillards-là est, d’emblée, évidente. Marie Rieffly (Hoboken Division), en intervenant au chant sur l’excellentissime Dead end claws, de pair avec un organe d’homme, accroît la portée d’un titre déjà marquant, à la patine de velours enlevé. D’un coup ça fuzze, à la manière des Limiñanas. L’Inconnue, qui gagnera à être…connue, complète l’ouverture d’un groove funky proprement irrésistible. Lui aussi, dans ses ambiances, se fait « movie ». Rétro et pété de brio, dans une salve retenue et atmosphérique.
Plus loin Grand huit, exécuté non sans adresse, fait chalouper sa basse et voleter ses notes. En vinyle, je te dis pas comment ça doit sonner! Ca tombe bien, ça sortira dans ce format. Après la nuit, délié, dont la finesse attrape l’oreille, doté d’un chant façon le grand Serge, développe ses effluves 60’s. Superbe. Textuellement, on dirait les brestois de Maman Küsters. Tout, sur ce disque, concourt à ce qu’on le vénère. Le propos s’emballe, prend du nerf. Les guitares s’excitent, surlignant une composition derechef classieuse. Il Fanfarone, et tournez manège!, offre un interlude stylé bien que très court. A sa suite 44ème avenue, fonk et alerte, casse ses élans, se saccade, fait dans le brut à la maestria permanente. Bordel, quelle trouvaille! J’en remercie Les Disques de la Face Cachée qui comme à leur habitude, dénichent et hébergent des projets de tout premier ordre. De fil en aiguille, dans le bourru-élégant, se met en grande évidence. Là aussi, on breake les dynamiques avec un feeling de cinglé.
Photo Thibault Périsse.
Splendide, l’album livre ensuite Vue sur la mort, sautillant et plein de vie. Morland Shaker n’est que talent, ici un chant notable revient orner l’ensemble. Son verbe porte, son allant séduit. Contreras, cuivré avec panache, est bien loin d’écorner ce Turbo qui rutilant, dessine ses lignes et aborde ses virages sans jamais fléchir. Bluesy, Contreras adjoint du cachet supplémentaire à la galette. Il soubresaute puis Tannis, chaloupé, s’en vient border l’affaire dans la classe et le mérite. Je précise, pour finir, qu’une Release Party sacrant les 19 ans de la Face Cachée se tiendra le 16 septembre à venir, à Metz, et que ces musiciens vertueux y joueront…