Ces Broken Waltz, déjà honorés par ici, sont tout à la fois théâtraux, un brin forains, cabaresques et marécageux. Racés aussi, subtils (sur ce disque, le très Cohen Proud & Strong). Ils évoquent Burnside, Nick Cave ou encore Iggy dans la démence. Tom Waits, également, mais ce sont eux. J’entends par là, ils creusent le sillon de leur propres idées. Sur Fables & Bones, à nouveau, elles fourmillent, déjantent et émerveillent. Roll the knucklebones, chargé d’ouvrir, sonne la charge cuivrée. La voix est démente, le son vise le Kusturica des grands jours…de folie sonique. Blues de base mais jamais convenu, swamp, le registre se décale et jamais ne cale. Macabre tango, jazzy, doucereux, suinte la classe. Ces gars-là nous sont précieux. Leur bricolage en surpasse bien d’autres, My body lies le démontre à grand renfort d’attaques aux instruments dingues, classieux et impactants. Rauque, le chant dévie derechef. La planète Broken Waltz vaut d’être investie, le ténébreux Keep the light nous l’éclaire, si je puis dire, au gré d’un rythme lent et d’effluves flemmardes. Voilà une galette grisante, typée, encore grandie par un Smoke & cigarette délié. Sa fin quitte, sans trop insister, les rails. Magnifique.
A la moitié des délires, enfin un peu plus loin, Dead men bones twiste fiévreusement. Memory & dust lui emboite le pas sur des contours plus apaisés, pas moins concluants toutefois. Ses voix alliés font sensation. The glass fait dans l’insidieux à l’emphase magnifique, Broken Waltz empilant là les réussites de niche. Venetian fables, vociférant, aux motifs qui font mouche, entrevoit la fin de trajet sous les meilleurs auspices. Entre chant-écart et décor de beauté, il s’impose. Wanna play the game renoue ensuite avec un rythme élevé, on dirait Spencer et lisez-là un compliment de taille. Don’t be afraid, Broken Waltz c’est du sûr. Son album sort chez Beast Records, ça le certifie et son ultime fournée, à nu, tout juste teintée de sons dark et de nuit, s’en vient la border en revêtissant une parure façon Broken Waltz, reconnaissable et pourtant bien à part.