Musicien métamorphe, basé à Philadelphie, Shamir sort ce qui est tout de même son neuvième album (en seulement huit ans), qu’il nomme Homo Anxietatem. S’il a l’air d’un rappeur épris de RNB, les sons qu’il distille, dits alt-pop, resplendissent irrésistiblement. Dans le sillage d’ Oversized Sweater, qui ouvre dans une pop flamboyante, onze perles -ou pas loin- voient le jour. Griffu, mélodique dans le chant, le registre s’illustre. Wandering Through, électro-pop, renvoie un pouvoir de séduction sucré-salé assez incoercible. Puis pour parfaire les débuts, Our song déroule sa pop-rock rutilante. Le chant, au mitan des sexes, valorise les compositions. Je découvre Shamir, je ne m’en cache pas, qu’à l’occasion de la collection en présence. Je m’en réjouis, il m’a l’air doué et bien parti pour ne rien méfaire.
Ainsi Appetizer, poppy, étoilé mais également noisy, vient-il s’en mêler. Dans sa mouvance, connue mais ici très largement honorée, Shamir se permet de friser la dizaine de parutions avec, à chaque occurrence, un brio qu’on ne peut lui disputer. Calloused, cependant, m’ennuie un peu. Trop doucereux, trop poli. Je passe mon tour mais Crime, saccadé, souffle un ouragan dont je m’entiche. Chez Shamir, on fait tout bien. Ses vocaux ont du relief, ses excès du chien. The beginning, ondulant, racé comme piquant, complète la série avec aplomb. Without you, armé d’une accroche « à la Shamir« , décisive, l’imite joliment. Ici et là-bas, personne ne le déplore. Everything’s allright, comme dirait l’autre.
Photos Matthew James-Wilson.
Homo Anxietatem, de plus, sort chez Kill Rock Stars. Obsession, au taquet, y sème une trame cold vigoureuse. Ses guitares dégoulinent, la voix continue à gringuer l’auditoire. Words, clairement plus atmosphérique, n’entre pas dans mes plans. Pour autant, il n’est pas négligeable. The Devil Said the Blues is All I’ll Know, en conclusion, se permet un canevas bluesy à nu, superbe, qui s’il fait chuter la vigueur termine la galette avec une belle charge de prestance. On tient par conséquent, au bout de la course, un album à l’accroche constante, fréquemment élevé.