Miss Marvel, groupe de jeunesse d’Amaury Cambuzat (Ulan Bator, Faust), Olivier Manchion (Ulan Bator) et Franq de Quengo (Dragibus), vient de sortir au format vinyle chez Jelodanti Records, pas moins de trente ans après la sortie de deux démos et ensuite la sienne, sur cassette « only » et en auto-production. Habitués, que dis-je, dopés au bruit, les trois hommes y déflagrent de bout en bout. L’écoute, joussive, me fait penser à Bästard ou Deity Guns, entre autres fleurons noise de nos champs fleuris. Ca vocifère, Al Capone se charge d’amorcer la dégelée en riffant grungy et en changeant de rythme sans prévenir qui que ce soit. Souillé, le début promet. Ce n’est, pourtant, qu’un tour de chauffe au vu de ce qui va suivre. Junkfood, rouillé et noisy, suit en laissant derrière lui de grosses trainées soniques. Le son est brut, la voix mortifère. Me viennent en tête, pour les mélopées salopées (avec goût), les premiers Drive Blind. Alors forcément, j’aime au delà de l’entendu. Des trouées bruitistes s’invitent, on n’est pas là pour gazouiller. Station 21, aussi cadencé que saccadé, laisse le chant…hum… »s’éclaircir »? En tout cas, il fait son effet.
La jeunesse des gaillards, je présume, décuple leur montées de sève. Hard-Boiled 1 emprunte la voie rapide, le chaos qu’on dirait tenu. Ses riffs forcent la porte, si tu pousses le play c’est sûrement pas pour compter fleurette. Vrai, écorché, Miss Marvel mue quasiment black-métal dans ses vocaux. SuperChrist dégueule lui aussi, compact, ramassé. On n’en sort pas indemne, ça voit le jour (si on peut dire..) chez Jelodanti, histoire de le rappeler et remercions-les bien, l’idée est bonnarde! Metal HP., tel un bulldozer, t’écrase les sens. De rage et de noise, Miss Marvel montre la voie à suivre. Beaucoup, par la suite, suivront ses pas. Hard-Boiled 2 décape, tout en sons dirty. Il serait presque, dans ses recoins, psyché.
A la fin et pour complètement nous lessiver Miss Marvel, éponyme, bave plus de sept minutes de grunge boueux. Il glisse, se tape les barrières, rebondit et renverse les amplis. Thanks again, Nicolas Leto et son label, associé à Clara Djian, pour cette succession de vitrioleries sans concession aucune. A l’époque déjà, et surtout, notre scène faisait la nique à l’Amérique. Elle était même, quelque part, l’Amérique. Mais so French! …, ultime salve façon Sister Iodine je dirai, bruisse jusqu’à plus d’heure. C’en est fait, les méfaits sont commis et Miss Marvel trouve sa place sur nos étagères à boucan, gorgées de galettes sans trop de joyeuseté.