Increvable, intemporel, reformé au soir des années 2010, Bush Tetras sort un They Live in My Head juteux, après avoir subi le décès de son batteur Dee Pop. Déterminé, le groupe poursuit son chemin et sollicite Steve Shelley, de Sonic Youth, pour castagner ses futs mais aussi pour produire l’opus. En résultent, crissants, onze titres nerveux, guitaristiques, mouchetés d’incrustes « autres ». Tout est meilleur, de haute volée, instaure même le Français. Il riffe sec, sur un rythme élevé. Il dérape, soniquement, jouant un rock sous perf’ de teigne. Régal total. Avant ça Bird on a wire, inaugural, aura lâché des volutes aussi perchées que noisy. Things I put together, en troisième position, raclant en mode bluesy grinçant. Il apparait que Bush Tetras, après tout ce temps, est loin de nous faire perdre le notre. 2020 vision, puissant, noise et appuyé, syncopé, quasi dub de par ses breaks, en atteste.
Plus loin I am not a member, cadencé comme la plupart des autres réalisations, produit lui aussi un boucan profitable. Walking out the door suit, sur chant féminin mutin. Electrique, They Live in My Head sonne comme un coup de trique. Ses passages modérés, bien placés, précèdent des orages. So strange, saccadé, serait presque funky mais attention, c’est dans le rude qu’il se déploie. Ghosts of people, bien plus calme, s’enhardit sur son second volet. Il est, dans le chant, doucereux. Son terme s’enrage. Après lui They live in my head, éponyme donc, débute folk puis vire lo-fi, noisy, dans une forme de paresse, avant de complètement s’emballer. Il retombe soudainement, trouvant dans l’alternance entre puissance et modération de quoi persuader. Bush Tetras garde le cap.
En fin de chemin Another room, lancinant, grondant itou, reste sur le fil. Enfin The end, d’une batterie alerte, termine dans le bruit un disque accompli, sans défauts notoires, qui sort de plus chez les excellents Wharf Cat. Une galette de valeur, souvent rude, incisive, à d’autres moments plus louvoyante. On y trouve largement de quoi, quoiqu’il en soit, rassasier nos appétits de sons stridents et sans courbettes, façonnés par une formation phare de la mouvance post-punk, pour résumer, sans toutefois s’y laisser cataloguer.