Duo parisien, Clinic Rodeo chevauche une palette rock assez ouverte, offensive, que Les Nuits déploie sur douze titres qu’on certifiera. D’emblée Surprises, cold et filant, crooner glacé, persuade. Il bruisse, dans ses pas se présente 9.1.1.Top.Secret et son rock aussi ombrageux, de nature à parfaire l’amorce du disque. De « Ouh-ouh-ouh-ouuhh » en giclées de guitares, la paire est à nouveau à son affaire. Enthousiasmant, le projet n’en est pas à son coup d’essai et ici, ça s’entend positivement. Soul of Sand, aux relents mystiques, évoquerait Wovenhand. La dualité des chants apporte, le rythme s’affirme et nous voilà, là aussi, en présence d’une belle cuvée. On n’oublie pas la finesse, qui au détour des phrasés fait son apparition.
Plus loin Holy Night, bluesy, stoner, massif, étend le répertoire. Le fond est noir, l’étoffe de choix. Vocalement, le rendu est marquant. Girl Big Gun, post-punk dirai-je, point sur une note rapide. Sa basse est en glace, on tutoie là les sphères cold en termes de qualité. Clinic Rodeo, sans courbettes, fait remuer les gambettes. Fantômes et esprits, dans les textes, sont de mise sur cette galette à posséder. Ad et Joy, unis, crachotent un son d’aspérités. From Love to Die, pourtant, calme le jeu de fort belle manière. Cordé, il offre beauté et pureté. Après lui By My Flesh, en éruption, laisse couler sa lave rock’n’roll.
Gagné, l’auditoire dégote un groupe précieux. Electric Lights propose des incartades, reste bridé (quoique…) et à l’arrivée, plait autant que le reste. Le morceaux élevés se suivent, sans trop se ressembler. Rats is rocking, à son tour, dans une dynamique incoercible qui ne rate pas la cible. Lost Hills Road non plus, d’ailleurs, sur ses excès soudains greffés à un cheminement insidieux. Les Nuits est réussi, belliqueux, racé et concluant. Là, les chants font dans l’intense. Les guitares, assassines, riffent ardemment. Solide, Clinic Rodeo s’illustre.
En fin d’opus Fury, plutôt bien nommé, suinte une pop-rock noisy et appuyée. Clinic Rodeo turbine, ses temps morts sont rares. Skyless Stars, chargé de finir, se retient sur ses premières minutes. On en note l’étayage, qui profite à l’album dans son entièreté. La chanson s’anime sans trop de heurts, mais avec panache. L’emphase arrive, sans empressement ni débordements poussés. Les Nuits, accompli, ne fait pas un pli et rassure quant à la propension de ses deux créateurs à se distinguer sur un temps conséquent.