Niché à Aix en Provence, dans les 80’s, SEATON s’est formé suite à un concert d’Echo And The Bunnymen. Doté d’un chanteur Anglais, le clan a alors connu une existence éphémère, qui l’a tout de même amené à ouvrir pour d’autres cliques ayant pour nom Litfiba, Certain General, Noir Désir, Massilia Sound System, OTH, Parabellum ou encore La Souris Déglinguée. Le constat est significatif, aujourd’hui Disques Abrasifs nous fait le bonheur de regrouper sur CD, à prix modestissime, le meilleur de ce que le groupe emmené par David Rosane et créé par le guitariste Thierry Ringelstein a pu à l’époque parapher. A partir de démos figées sur cassette, d’un son low-fi qui ne fait qu’en accentuer l’authenticité, seize titres magiques, cold et acides, un brin goth, nous sont servis. Piece of the dawn le démontre, on est là face à des gars qui n’ont rien à envier aux références. On notera d’ailleurs, au passage, que certains ont ensuite poursuivi leur route chez Kill The Thrill ou encore Not Your Animal et ça aussi, ça parle pour eux. Mais assez parloté, November s’en va faire la nique à un Joy Division.
Qualifié de new-wave, le projet refuse de s’y cantonner. Des guitares à la Killing Joke, grande joie, surgissent dans ledit morceau. J’adore, vous l’aurez déjà saisi. Desolated tears maintient le cap d’un répertoire cold millésimé. Basses sans jour, chant de crooner dark, rythme implacable font de SEATON un must. Futur days enchaine, on y entendrait les soubresauts guitaristiques funky d’un Gang of Four. J’y perçois, entends-je bien?, un harmonica. J’adore, je me plais à vous l’asséner. Sadder gods, de motifs fins en élans glacés, puis Devotion et ses crissements gothiques ponctués par la basse prolongent l’excellence. SEATON, c’est l’assurance d’une écoute jouissive, d’époque, sans malfaçon aucune sur la vérité du rendu. Blue to grey, crachin saccadé, s’allie à One to one pour nous le prouver. Devoted est uni, d’un niveau égal et surtout supérieur. Little men, ouvrage de grands hommes, enchante sur un tempo moins alerte. Il est incroyable, réellement, de se dire qu’une formation comme Seaton soit passée sous le manteau. Violent wind groove, lui aussi, sans hâte mais incoerciblement. Il hausse le rythme, laissant après ça Four trees faire honneur à la cold-wave.
Merci à vous, Disques Abrasifs, de nous régaler de la sorte. Sur la dernière ligne droite Meknes blues, dépaysant, s’effluve puis s’emporte. Magistral. Pas une seconde, on ne se surprend à en décrocher. Devoted est au sommet, Yellow fever l’agrémente d’une nouvelle salve cold à la patine musicale certaine. SEATON a du cachet: Fire le voit délirer, soniquement, en son début. Après, c’est la rafale. Les vocaux, de marque, ne fléchissent pas. Il y a, chez Seaton, des idées sonores judicieuses. Elles illustrent l’entièreté de la compilation qui à l’heure d’en finir, expire deux lives pas piqués des vers. Découverte squatte-platine, en ce qui me concerne, que ce groupe de chez nous au registre pour le moins éloquent.