District Five est Suisse, c’est sûrement pour ça que sa musique dessine des montagnes. Pause, son nouvel album, pétrit beats hip-hop engourdissants, afro-jazz pas commun, voix songeuses et post-punk épars (en fait non, selon moi), le temps d’une « septaine » de morceaux réellement audacieux. Ses effluves font du bien, elles libèrent et flottent dans l’air. Walkin’ instaure la première, trame psych-jazz dotée de voix brise d’air et d’envolées magistrales. Des sons inédits s’y distinguent, ça grince et ça possède les esprits. Skiron Sunshade, alors qu’on retombe à peine, joue un hip-hop -dans les chaloupes- sulfureux, ondulant, difficile à (d)écrire. On perçoit, là aussi, des vocaux de dedans le ciel. Ca fait un putain d’effet, on est de toute manière bien conscient que les Helvètes savent y faire. Pause, éponyme, trace dix minutes lascives dont la répétition, à la longue, obsède et oblige à rester captif. Les mots, à nouveau, sont en flottaison. Au premier passage ça peut dérouter, au deuxième Pause happera les sens. Burning city, jazzy, cuivré et errant, m’évoque les égarements d’un Radiohead. Hors-champ mais pas si complexe, pour peu qu’on ait l’oreille éduquée et exercée, l’opus honore Vojko Huter – Guitar, Vocals, Synth; Paul Amereller – Drums; Xaver Rüegg – Bass et Tapiwa Svosve – alto saxophone, réunis par un but commun : différer.
La narration d’ A Sunday, cerclée de sonorités claires, animée par une cadence hip-hop (oui, encore et croyez-moi ça le fait sévère!), fait mouche à son tour. Je veux ce disque. Le terme de la chanson s’emballe, en restant quelque peu bridé. Ocean skin, au format plus court, remet non pas la cabane au milieu du jardin, mais le rythme-paresse au centre des débats. Il l’enrobe de notes chatoyantes, s’élève, monte et prend fin. District Five, c’est à part et pour ma part, j’en reprends une large part. Pause sort chez A Tree In A Field Records, Portcullis Gate s’occupe de le boucler dans des soubresauts jazz qui paraissent augurer du fracas. Il survient, pour nous figer de bonheur. Avec classe, avec sax, avec force batterie battante, il gronde et lacère. On n’a alors plus qu’à adopter, dans son entièreté, ce Pause d’une teneur autre, instinctive et imaginative, paraphée par ces District Five fort louables.