De Johnny Tchekhova j’avais grandement aimé le Loubok, sorti en 2019. Il en sera de même avec Bleu Collapse, où s’assemblent huit titres de matière (Antimatière?) pop, doucereux mais trompeurs, plus loin griffus, là-bas cold (Toxycontine), ici shoegaze (l’inaugural Eaux rouges, entre chant coton et décharges façon My Bloody Tchekhova), qui dans un premier temps me firent presque fuir, trop délicats pour mes esgourdes habituées à de l’écorché. Mea culpa, j’ai sûrement écouté trop distraitement. A réception du digipack, splendide mais fragile (je suis parvenu, tentant péniblement d’en extraire le livret, à le déchirer comme les guitares de Grégory Peltier, le leader, le font ici sur quelques morceaux), j’ai succombé. Oui, succombé. Parce que la classe du boulot, ses atmosphères à la ouate qui tantôt s’ombrage, volontiers se nervure, dévoilent un talent indéniable. Nos vies d’ailleurs, serti de nappes et vagues rougeoyantes, les greffe à des vocaux amicaux. Impeccable.
Bleu Collapse, dans l’élan, se pare d’un Dépossession presque post-punk, sans oublier les mélodies popppy. Les guitares là encore, à l’unisson avec une rythmique soudée, font merveille. Shoegaze, alerte, pop, au carrefour des genres à vrai dire: la composition excelle. Suivra Toxycontine, mentionné plus haut, de nature à parfaire l’ouverture. Puis A comme Nastassia, d’apparence léger dans le ton mais pas tant, finalement. J’y entends The Cure, façon Disintegration. C’est l’bonheur à c’t’heure, l’effort est instrumental mais ça ne l’entrave en rien. Ceci n’est pas une chanson française, « vidéotisé », étend pour sa part un crachin shoegaze aux voix mariées. Nastassia B., de son timbre féminin, y intervient. Johnny Tchekhova, c’est qualité partout.
Aucun ne te connaît mais qu’importe, on s’inscrit pour le coup dans des effluves à la Smith et consorts qui à l’instant, capturent notre attention. Avec, dans les coins, des mélopées à la Aline enfin je sais pas si vous vous souvenez. Aline. Bleu collapse est court, mais valeureux. Ses mots aussi. De le posséder, je suis comblé. Le titre éponyme, chargé de le border, me laisserait sur ma faim, sur la fin, s’il n’était pas aussi attachant. Je vais chercher mon scotch, je ne peux laisser l’objet dans cet état. Oh, le morceau s’envole. Ah bordel, c’est si beau! La pop, avec Johnny Tchekhova, se gorge d’honneur, un peu à toute heure, dans toutes les pièces et en méritant bien qu’on lui cède les nôtres.