Réédition vinyle -via les excellents We Want Sounds– de l’album éponyme de Ramuntcho Matta sorti en 1985, mêlant funk, no wave et ambient, ce disque est un Objet Sonore Non Identifié totalement captivant. Bande son du show « VIA » de la chorégraphe Régine Chopinot, avec costumes de Jean-Paul Gaultier, il parut tout d’abord sur le label Mosquito. A l’époque Matta, de retour de New-York suite au décès de son frère, s’immerge alors dans l’underground parisien. Avec sa collaboration, l’opus est donc remastérisé, dévoilant pléthore de pépites, souvent instrumentales, parfois chantées, toujours déviantes. Gesti ouvre la porte, clair, puis Sassam Kitaki titube. Hagard, cimenté par des sons nouveaux et voix éparses folles, il marie le pur et l’abimé. Du génie, où le chant peut aussi se faire doux. Climat étrange(ment) passionnant. Irimi Nage vient à nous, folk-ambient, sans peau ou presque. Hukai funke délibérément, basse ronde en poche. On note, encore, l’ingéniosité sonore. Les atmosphères, loin du figé, qui jonchent l’album. Avatar s’ambiente, gris, orné de sonorités une fois de plus décalées. Le contenu, quelque part, est psychotrope. Wallaroo, aux contours légèrement africanisants, dépayse à son tour. On oscille, pour le coup et tout au long de l’ouvrage, entre parties élaguées et moments d’écarts. All those years, posé, mélodique, flamboie. Zoique 3 s’élève très haut, cuivré, tel un vaisseau, louvoyant entre les genres.
Ramuntcho Matta, on l’aura compris, ne se livre pas de suite. Harpie réinstaure le funk, comme bricolé, avec prestance et dans l’errance. Zoique 1 réitère l’ambiance prenante, en marge, savamment jouée, qui caractérise la ressortie. Musicalement, c’est le sommet d’une investigation sans pareille. Assemblage, bien nommé, pourrait d’ailleurs résumer le rendu. Ambient, il obsède par l’empilement, minimal, de ses notes. Coracor lui fait suite, tribal, exotique. Délice total. Orgye calme le jeu, perché, dénudé, dans des textures ici aussi attirantes. Jeunes Et Vieilles convoque des trames de synthés à l’allure de fête foraine d’antan. Eau, funky-drone si je devais péniblement le définir, prolonge la troublante épopée. Hop Hop évolue vers l’animalier délirant, au pouls funk qu’on approuve sans délai. Hop hop, se borne t-il à verbaliser. Ca suffira, Ramuntcho Matta n’a nullement besoin de charger la mule. Opi se fait ambient, sans s’y restreindre et encore moins se laisser harponner. La palette est certes large, mais réellement et constamment marquante. Une A Une Variante, funk délié, non-normé, fait mouche. Enfin Zoique 2, spatial, jazzy mais de travers, funk bien sûr mais pas plus droit, étend pour finir un spectre une dernière fois attrayant à l’extrême, dès lors que l’auditeur s’est payé le luxe de s’en draper. We Want Sounds, à l’appellation pour le moins judicieuse, pouvant de de fait se targuer d’une réédition comme à l’habitude singulière et séduisante.