Toujours plus noir, toujours plus « sociophobe », le Godflesh de Justin K Broadrick nous revient avec un Purge qui lui sert, quelque part, à entrer en relation. Abrasivement, certes, mais de la meilleure des manières. Musicalement, au gré d’une série de pavés éructés que Nero inaugure en faisant bonne figure, indus, hurlé, massif. Purge, donc, prêt à déferler sur qui s’en imprégnera. Guitares guerrières, chant torché de hargne. Propos sans chichis, morceaux oppressants, on tient là une recette qui depuis belle lurette, niche le duo sur les cimes d’une mouvance sans concession aucune. Le chaos est maître, tantôt les guitares s’éclaircissent sans perdre de leur vice (Land lord). Army of non, à la basse bulldozer, sur samples et rythme pachydermique, décape tout autant. Uni, d’une traite et sans temps morts, Purge éteint la lumière. Lazarus leper, saccadé, plus susurré, apporte un autre souffle.
Godflesh, quel que soit le chemin emprunté, le style déposé, imprime sa patte. Sa vision. Permission, presque shoegaze, étend lui aussi le champ d’action de JK BROADRICK donc – GUITARS, VOICE, MACHINES et BC GREEN – BASS. Des mélodies, fragiles, naissent dans le bruit. Les vocaux, à nouveau, suintent la teigne. The father, entre riffs lourds et voix plus légère, se hasarde entre pesant et cadence haussée. Mythology of self, opaque, vocifère de manière mortifère. C’est la fin, non pas du monde mais d’un Purge notable, à l’instar de tout ce qu’à pu créer Godflesh depuis ses premiers pas. You are the judge the jury and the executioner, chargé de le boucler, fait dans le lancinant au chant quasi poli, souillé et d’une inertie pénétrante. C’est chez Avalanche Recordings que sort l’objet, digne suite d’un parcours cité en référence par pléthore d’artistes de tous bords.