Il est trop beau, il est en préco, il « fait voir » des oeuvres superbes car avec l’artiste, LES artistes, il est délibérément en phase. Il a pour nom Blurry Landscapes, il fut enfanté en temps de crise. A ce moment La Jungle, plutôt que de se plier à l’époque, d’en subir les affres, opte pour la création. La passion. Deux galettes naissent, dont celle-ci qui constitue la sixième sortie de sa discographie. Grand bien nous fasse! Associé à Art et Marges Musée, les deux gars de Mons contactent dix artistes qui après écoute d’un titre dudit Blurry Landscapes, élaborent une oeuvre visuelle. Régalez-vous, elles rassasient l’oeil et l’achat de l’album vous permettra d’en profiter. Quant au contenu sonore, il va de soi que La Jungle nous a tambouillé un rendu de haut vol, technoise, kraut, psyché aussi (Le Chemin Rapide et ses volutes psychotropes doublées de chants détournés), qui dans ma masure, de manière sûre, fera des fissures. Tomorrow, bref mais rythmiquement entêtant, répété, entraine déjà. Tribal, il prépare le terrain pour un The Marvelous Forest Of Our Dreams au chaos délice. Le tambour est en furie, autour de lui les sonorités griffent. Nous reviennent, magiques, les pluie de notes et de cadences qui font la réputation du duo. Trouées spatiales, allant incoercible. Départ en fanfare, et ça ne fait que débuter.
Photos Mattias Launois.
Ainsi La Compagnie De La Chanson, de syncopes dansantes en tons dépaysants, confirme t-il la forme, éclatante, de Jim et Roxie. Il se fait sirène, groove comme c’est pas permis. C’est le bonheur, rassemblé sur onze compositions dont La Jungle détient le secret. Hatching The Light, plus céleste, vire ensuite à l’attaque saccadée. Ses voix flottent, la recette La Jungle fait une fois de plus sensation. Stop, de guitares viciées en drums épars, s’amorce sans empressement. Pas même deux minutes et pourtant, on le garde en tête. Sauf que Panther’s Rib Cage, ornement d’ailleurs dans le sac, s’impose à son tour. Les sons, encore, capturent l’écoutant. Il y a ce petit plus permanent, chez la paire de Mons, qui la place définitivement à part. Le Chemin Rapide, cité plus haut, le prouve sans fléchir. Je suis converti. Le Tigre En Bottes Vertes, fulgurant, montre les crocs. Ses notes partent en loopings, l’unité de ces mecs-là accouche d’une création imprenable. J’en viens à me demander, émerveillé, de quelle sphère on peut extraire toutes ces idées.
Bass From Funky Jacky, bien nommé, lancinant, embrume l’esprit. Puis The Growl And The Relief, up-tempo, se hâte. On gobe ses sons, nos troncs marquent son rythme. Il obsède, à l’instar du reste. C’est La Jungle, c’est le foutoir et c’est le mieux qui puisse nous arriver. A l’heure de tirer le voile Voyage Vers Le Cosmos En Vaisseau D’Argent, cosmique, à la frappe disséminée mais soutenue, consacre d’incroyables musiciens, inlassables, dont on n’a pas fini de louanger les travaux. Les vocaux se font choeurs, perdu dans un ailleurs l’auditeur entend des cloches, des envolées perchées de nature indéterminée qui l’envolent et s’en viennent border un Blurry Landscapes où La Jungle se montre égal à lui-même et par conséquent, passionnant de A à Z.