Créé par Gérald Dierick die Makelen, artiste pluriel et ce depuis de longues années, Gueules Noires sort un album virulent, dédié à l’exploitation des mineurs belges et aux travailleurs congolais des colonies. Ses thèmes sont donc louables, son contenu va de pair avec une révolte amarrée par le mot, le son et le groove. En onze titres belliqueux la différence se crée, dans les notes d’un I don’t believe insidieux à la texture d’abord électro, sous-tendue. Qui, en son second volet, gagne en force et finit par claquer un dawa sonique aussi élégant que percutant. Avant que Tout nous réunit, qui m’évoque le early Bashung, ne balance une sorte de funk-rock ondulant. Et excellent. Il dévie, vrillé. On adore. Qu’elle me revienne, d’un blues-rock vrai et piquant, alerte, gagne lui aussi l’approbation. Le propos est violent, Gueules Noires ne craint toutefois pas le coup de grisou. Il le prévient. Cendrier, funky, finaud puis mordant, crédite tout autant ces Gueules Noires inspirées. What do you think, électro tout de suite, noise et slappé ensuite, renvoie la même excellence. Gueules Noires défend l’oppression, ici il fusionne dans une agitation groovy. On dirait, par instants, le TC Matic du regretté Arno.
C’est dire, donc, si le taf est bon. I won’ t let you down, sentimental, détend l’atmosphère. Boregne suit, country dirait-on, folk dans le même temps, décoré avec goût. Ses voix s’unissent. Cajun, non? Je ne sais plus. Agace, folk, suinte l’émotion. A sa suite Cheval de fond, vrombissant, à la narration façon Rodolphe Burger, verse de l’acide sur de l’aride. L’opus est puissant, captivant. Contre l’injuste, il s’érige. Diep graaf martèle, semblable à des coups de pioche sans ménagement. Il riffe dur, son débit combat sur des rimes en eur. Vri kdag enchaine, twistant, à l’ancienne. Divers mais tenu, jamais décousu, Gueules Noires a de la Gueule. Il est fort en Gueule, aucunement bégueule. Le morceau breake, vire à la fanfare ivre avant de filer derechef. Concluant. On se fade alors un bonus à l’allure électro-rock bien sévère, tendu, avant de réaliser qu’on y parle de boots faites pour marcher. Preuve de bon goût, la cover ponctue un disque de haute volée, racé, en nerf, à jouer fort, souvent et sans modération.
Photos Marc Moitessier.