La date de ce vendredi de juin, à la « Manu » de Saint Quentin, était de celles qu’en fan d’indé, il ne s’agissait pas de rater. Elle convoquait, en effet, la pop espiègle et mélodique de Hoorsees, auteur d’un A Superior Athlete marquant, et les Psychotic Monks qui eux, peuvent se targuer d’un Pink Colour Surgery psychiatrique en tous points, sûrement l’un des fleurons hexagonaux et je pèse mes mots. A notre arrivée, nous conversons avec Cédric Barré, le tenancier dirai-je. Plaisir, comme à l’habitude. On se sent comme chez soi. On nous avise alors que Hoorsees, déjà, déploie ses morceaux. Nous allons jubiler, le quatuor marie ses chants et dessert, intactes, des créations pop qui doivent autant à Weezer qu’aux Pixies et qui, constamment, fleurent bon le tubinet indé. Cream & onion, par exemple, en est. On entend, par bribes, la flemmardise d’un Pavement. Des gimmicks sonores en or, qui en appellent à la joie. Get out of my way, get of my wayyyy, chante David dans son maillot de l’Inter de Milan. L’ouverture fait dans le qualitatif, à l’image de ce que la formation parisienne avait pu produire à l’Ile aux Fruits, dans ma ville, après nos précieux Last Night We Killed Pineapple. C’était en 2021, c’était le temps de renouer. Ce fut bien bon, ce Friday ça l’est tout autant.
Hoorsees.
De beauté poppy en décharges plus brutes, plus noisy, Hoorsees ravit. Son set prend fin, la cour m’accueille et j’échange mes impressions avec Alex, de chez Thagis Reasons, un troisième larron étant également de la party. Nous tombons dans l’accord, Hoorsees rutile comme son Blue pants. Je me dégote une ambrée, mazette putain bordel il n’existe pas encore de godets Manufacture! Ma collection attendra. De toute manière les Moines Psychotiques, sur les planches, attirent nos esgourdes. On va prendre une dégelée, ainsi qu’on l’attendait. Qu’on l’espérait. Possédé, le groupe imbrique rock noise, parties psyché, vaguelettes électro et vocaux chuchotés, fantomatiques comme vindicatifs, donnant un relief inestimable à la prestation des jeunes pousses. Ces dernières, vertueuses, faisant la nique aux plus grands de par leur approche, leur identité et leur propension à élaborer des contours sans égal. C’est le Crash, jouissif, immersif. Suuns, Sonic Youth, des noms me viennent mais ces quatre-là n’ont rien à tirer de qui que ce soit. Quand on a, dans sa besace, un Post post hanté, de tels opus et cette force de frappe live, on peut voir venir. A des plages alertes succèdent, syncopées, des compositions insidieuses, vicieuses, psychotropes (Gamble and dangle, chaos spatial maîtrisé).
Psychotic Monks.
On en reste bouche bée: depuis Private Meaning First notamment, après un premier jet déjà probant, la clique de Saint-Ouen s’attire les faveurs. Ses Décors, qui m’évoquent le early Sonic, capturent l’auditoire. D’aucuns ferment les yeux, All that fall et ses ruades indus groovy les tire de leur torpeur. Incroyable d’impact, Psychotic Monks ravage de sa jeunesse, nullement entravante. Il semble y puiser, au contraire, force et inspiration. Aux aguerris, il tient la dragée haute. Il se fait mal, mais nous en dispense. Au final, ça fait du bien. On a le sentiment, à l’issue, d’un moment privilégié, d’une expérience sans précédent qu’on se prend dans les dents. On l’accepte bien volontiers, la plongée dans la sphère des Psychotic Monks n’est pas sans heurts ni conséquences et la messe est dite, dictée par quatre moines au talent bien plus qu’avéré.
Psychotic Monks.
Photos Will Dum.