De Tours, Mossaï Mossaï nous arrive. Pour nous surprendre, au son de son Faces halluciné, aux narrations Fontainiennes (Brigitte bien sûr) couplées à des éruptions noise à la Gira and Co. Ses durées sont étirées, Cérébral tutoie d’ailleurs les dix minutes au gré, tout d’abord, d’une batterie massive. On entend, enivrants, perturbants, des bruits et chants incantés. Et blaaaam, chez moi ça prend direct! La recette schlingue l’originalité, tant dans le mot que dans le rendu sonore. Il y a du psychédélisme, aussi, dans la tambouille tourangelle. D’instants flottants, on vire vers des explosions volcaniques. Les vocaux crient, plus vindicatifs. On s’y laisse, sans opposition, attraper. Esquisses, plus long encore, lourde une poésie prenante. L’atmosphère est retenue, subtile. Le mystique n’est pas loin, lentement le morceau gagne en coffre. L’effet est saisissant. Mélodique comme colérique, Mossaï Mossaï offre des fissures délectables.
Elles parsèment ces Esquisses, ensuite L’élan prend le sien dans la noirceur. La voix, fantomatique, en émerge. Des flux hypnotiques se glissent dans le décor. Des lézardes, spécialité maison, surgissent. Beau est le chaos. C’est la fin du monde, sonique, et l’essor d’une foutue formation. Douée, pétrie d’identité. Silence des toits, qui en stridences ondule, produit lui aussi un boucan de choix. Etudié, également très spontané. Mossaï Mossaï débroussaille, son investigation est sans faille. Sa ferveur attire, ses textures capturent les sens. Ses excès, idem.
On en vient, c’est passé bien vite, au terme du disque. Charge, en ruades façon Godflesh, indus, (s’)exalte une dernière fois. Son mot est élevé, déraisonné. Faces, ouvrage unique, fait suite à un EP déjà probant. Son ultime assaut groove, percute la barrière, part en vrille(s). Sa bourrasque a de la gueule, elle se décline sur des compositions qui au bout du compte, révèlent un groupe précieux et hors-champ, affairé tout entier à sillonner sa propre terre.