Dans la foulée de l’excellent Shirushi, dernier album en date, TEKE::TEKE de Montréal poursuit sur ses chemins sinueux, empruntant autant au folk japonais qu’au psychédélisme, au rock garage brésilien et à bien d’autres courants inédits. D’emblée, un folklore tapageur et joyeusement foutraque se met en place sur Garakuta. Cuivré, exotique, rock et loin d’y rester figé, il emmène. Ca flûte, ça breake, ça raconte. Encarts blues/jazzy, volutes virevoltantes. La guitare dope le tout. C’est parti, direction l’ailleurs. Gotoku lemon, psyché, flûté lui aussi, se fait presque orient. La voix, typée, contribue au trip instigué. On dirait, par moments, Altin Gün. La fin du morceau, où les sonorités font des loopings, déjante. Trop bon. Hoppe, aux riffs secs, castagne une sorte de post-punk mondial, alerte, estampillé TEKE::TEKE. Dudit post-punk que je pensais entendre, on s’extrait pour surfer. Dynamique, inventif, Hagata est une putain de réussite.
Onaji heya, funky, frétille finement. Il se retient d’abord, avant d’imploser en plein vol. Il kraute, ses cuivres titubent. Le rendu est élevé, sans égal. Me no heya, plus posé, joue un jazz ensoleillé. Il est bref, mais concluant. TEKE::TEKE se niche en lisière, loin des formes convenues. Doppelganger, fanfare élégante, entrainante, exécutée avec imagination, ne manque pas d’allure. Setagaya koya, rock Hendrixien dans un premier temps, s’habille de ces cuivres décidément marquants. Bien vite, il mue inclassable. Il déroute, comme tout ce que peut faire le groupe. TEKE::TEKE, c’est pas des kékés. Les guitares grondent, vrillent. Kakijyu, insidieux, titille l’esprit. Il ondule, grince avec maestria, sur sept minutes magiques. Son terme s’emporte, on est alors conquis.
Plus loin et sur la fin Yurei Zanmai, rock ténébreux et offensif, évidemment « autre », en reverse une goulée. L’élixir est délicieux, la cuvée Hagata de tout premier ordre. Le titre bouillonne, dans un fracas sans nom précis. TEKE::TEKE confirme, avec prestance, des dispositions ébouriffantes. Jinzou Maria, épuré, venant finir un ouvrage qui vous l’aurez compris, se situe dans la caste des opus « supérieurs », enfantés par des formations d’audace aux idées qui fourmillent. Subtilement la chanson se déploie, belle, jusqu’à border un Hagata sans défaut ni temps faibles.