Duo Lillois, June Bug a déjà eu mes faveurs. Mais je ne sais plus où, ni quand. Mémoire en peine. Qu’à cela ne tienne, Fearless se présente et son électro soit sage, soit espiègle, que des sons cinglants peuvent émailler et ébrécher, distingue la paire. S’il n’inclut que sept titres Fearless, à partir d’un Dusk qui s’embrume, psyché, trituré autant que peaufiné, plaira sur la durée. Il faudra l’aller chercher, ses textures ne sont pas forcément conventionnelles. Il titube, cherche sa voie, dans le non-choix estimable entre le poli (vocalement) et des nappes clairement plus terreuses. Il s’emphase, tape des phases. Trop sage pour moi (quoique…), il me retient pourtant. Rollercoaster, de chant angélique, passe à des séquences agitées. Dans cet entre-deux June Bug, à sa place, s’illustre. Ses contrastes attirent, s’étirent. L’opus est joueur, part à l’envi dans des sentiers musclés. Clap your hands, oh m++++ ces inflexions rnb non merci, souffle malgré ça une électro trippante. Je l’aurais juste voulu, ce Fearles, plus enragé encore.
Arrêtons d’ergoter, le disque s’inscrit tout de même dans la prise de risques. Celle-ci est tenue, Bite me dépayse et ses basses dansotent. On y entend, c’est bonnard tout ça, des sonorités déjantées. Des sursauts, des remous sans coup de mou. Soniquement, c’est le manège et June Bug décroche le pompon. Paradise, posé, visite les cieux. Il y reste, en dépit d’incartades mesurées. L’album est court, mais représentatif d’une identité audible. Fearless, éponyme, syncope. Il est bon, lui aussi nous incite à décoller de nos bases. Ses pulsions, irrésistibles, créditent Fearless.
Photos Nicolas Djavanshir.
Enfin et en toute fin Gold eater, électro-pop rythmée et étoilée, fougueuse aussi, finit avantageusement. S’y fréquentent, sans heurts enfin si un peu, allant rock et vocaux avenants. Sur fond, on prendra, d’atours qui à l’occasion s’assagissent. Le terme décolle, complètement. June Bug, je l’aime d’autant plus quand il se lâche, quitte la route, s’encanaille et nique non pas la police, comme le faisait Saïd dans La Haine, mais la bienséance. Son Fearless, accompli, méritant quoiqu’il en soit une note de choix.