Projet suisse à vocation expérimentale, de formats variables, Film 2 nous revient avec Sorge*, soit…un seul morceau de près -ou plus- de quarante minutes. Entre vagues psyché hypnotiques, bourrasques noise et chants vociférant, l’opus exige que l’on s’y plonge. C’est lentement que le morceau émerge; seule la batterie, d’abord, en secoue l’avancée. Des breaks donnent l’impression qu’un découpage, donnant lieu à des textures qui diffèrent, s’opère. Au delà des vingt minutes, une forme de drone se fait entendre. Ca grésille, tel un poste de radio pommé dans sa recherche. Le bruit s’étend, hors fréquence. Et là je comprends que ce Sorge*, plus que singulier, offre trois versions du même morceau. Je m’en tiendrai à celle-ci, bien assez en marge pour séduire le noiseux. Tiens, une variation se produit. Le fond est noir, les contours aussi. Un rythme resurgit, bastonneur. Le trip est définitif. Joué, enregistré et mixé dans trois contextes tranchés, Sorge* fascine. il sort chez BlauBlau, gage de qualité, et ne se livre qu’aux initiés. On s’en contentera, il vaut assurément bien plus que les wagons de soupe mainstream fadasse avec lesquelles on nous assomme depuis des lustres. Il malmène, fait se clore les yeux et au final, capture les sens jusqu’à les noyer, jusqu’à en diluer la nature, jusqu’à les entremêler dans ses ressacs sans concession aucune.
Photo Giulia Spek.