Inspiré par le bassin minier de sa région, en pleine préparation de son premier album, Galibot répond aux questions de Will Dum…
1. Comment s’est formé Galibot ? Son nom suppose t-il que vous êtes particulièrement attachés à la cause du travail des enfants, ou encore des femmes au vu de votre morceau «Aux femmes du tri et la lampisterie» ? Au-delà de cette thématique, quels sont les sujets que vous abordez/défendez ?
Galibot a été lancé par Thomas (guitariste) avec la volonté de créer un projet avec des amis nordistes. Le nom “Galibot” fait plutôt référence au fait que nous sommes des enfants du Nord. Nous sommes tous les trois attachés à l’histoire de notre région, notamment parce que la mine marque particulièrement l’environnement dans lequel nous vivons. Le thème de la mine rassemble forcément différentes causes et problématiques dont la plupart sont toujours actuelles, mais le spectre de nos thématiques dépasse celles de la mine. Galibot aborde l’histoire, la peur et la souffrance ainsi que la condition des femmes de mineurs qui fera notamment l’objet d’un morceau dans l’album à venir.
2. Qu’est-ce qui vous a poussé à faire le choix de ce créneau musical ?
Tout d’abord, nous sommes tous les trois amateurs de black metal, mais le choix de ce style a surtout été fait car il se prête parfaitement à la métaphore de la mine et aux thèmes atrabilaires, violents et sombres qu’elle représente.
3. Que représente Galibot pour vous, projetez-vous de tenter le pari de vivre de votre art ?
C’est un projet musical sérieux qui a vocation à grandir, mais pas à devenir professionnel. Nous voulons raconter, par le prisme de la musique, des tranches de vie que nous avons rencontrées, découvertes, lues ou visitées. La volonté est simple, et la question d’en vivre paraît bien fantaisiste. On souhaite davantage perpétuer des traces historiques et authentiques, sans aucune prétention particulière.
4. Comment fonctionnez-vous, au sein du groupe, s’agissant de l’écriture ou encore de la composition ? Vous situez-vous de manière prioritaire dans le DIY ?
Pour notre première démo, c’est Thomas (guitariste) qui a tout composé et écrit. Cependant pour l’album à venir Agathe (chanteuse) est à l’écriture pour les textes. En ce qui concerne le DIY, il ne sera pas au rendez-vous pour la production de l’album qui est enregistré au Minotaure Studio, donc la qualité sera au rendez-vous !
5. Dans quelle mesure votre environnement, minier avant toute chose, dépeint-il la musique que vous pratiquez ? La mine vous habite, dirait-on…
Tout d’abord le bassin minier est l’environnement dans lequel nous vivons et que nous connaissons, par conséquent. Nous avons baigné dans cet environnement chargé d’histoire, il a donc été évident que ce thème s’impose dans notre projet et déteigne sur notre musique. Ensuite, le rayonnement minier est toujours très important dans le cinéma et la culture en général. Galibot permet aussi d’exprimer la dureté de la vie des mineurs, à sa manière.
6. Agathe, ton timbre guttural tranche clairement avec ta dégaine d’ange vêtu de noir, c’est un atout pour le groupe autant que ça peut interpeller (de manière porteuse) sur scène, non ?
(Agathe) : En dépit du contraste entre mon physique et ma voix, je pense en effet que le fait d’être une chanteuse de black interpelle, car elles restent encore assez rares dans le milieu. Ne nous étant encore jamais produits en live c’est difficile à dire, mais je pense qu’une femme sur scène dans le black reste encore peu commun. On pourrait dire que cela est aussi peu commun que la présence des femmes du milieu minier dans l’imaginaire collectif.
7. En termes de sorties est déjà paru Wallers-Arenberg, soit quatre titres-dont un interlude ayant titillé ma sensibilité de travailleur social- de briques rouges, solides et hargneux. Ce
son, c’est un peu votre révolte non ? Cet interlude que j’évoque, d’où provient-il ?
Cet interlude n’a pas été intégré à la démo comme signe de révolte, mais plutôt pour évoquer la consternation face à la peur et aux traumatismes que les conditions de la mine ont pu provoquer chez ses plus jeunes ouvriers. Choc qui a subsisté de nombreuses années pour bon nombre d’entre eux. Cet extrait provient d’un reportage de France 3, et c’est un ancien mineur de Wallers-Arenberg que l’on entend parler.
8. Que vous a apporté cette démo ? Qu’avez-vous ressenti à sa sortie, quand bien même il ne s’agit « que » d’une démo ?
Nous sommes heureux d’avoir pu aboutir à un “produit fini” dans un domaine qui nous anime tous les trois. Mais on a surtout été très positivement surpris par les retours de cette démo, qui pour nous ont été surprenamment très nombreux et positifs. Nous avons le sentiment que cette démo est une belle première pierre posée à l’édifice musical que l’on veut construire.
9. Comment a t-elle a été accueillie ? Et scéniquement, comment est perçu Galibot ?
Très bien accueillie et plutôt appréciée, comme on a pu le dire avant. Galibot n’existe pas encore sur scène, mais des futurs lives sont en préparation suite à la sortie de notre premier album.
10. Que prévoyez-vous pour faire suite à Wallers-Arenberg ? EP, album ? Si oui, le contenu sera-t-il à teneur black sans autre tendance ? En résumé, à quoi peut-on s’attendre ?
Un album est donc en ce moment en préparation au Minotaure Studio. Il faut déjà s’attendre à une production studio bien meilleure, ainsi qu’à des compositions plus ambitieuses. Sept morceaux au total, toujours dans une ambiance minière et poussiéreuse, mais joignant des questionnements plus profonds gravitant autour de cela, ainsi que des interludes miniers orchestraux.
Photos du groupe: Jan Vervaeke.