Rock indé, blues touareg et mélodies nord-africaines font le sel de Tiwiza, si on y joint une pincée de musiques berbère & chaâbi. Révolté, défenseur de causes mises à mal, le quatuor délivre une fusion marquante sur ce Amenzu dont les plages regorgent de style et de force. At U Azeka, riffeur et franc du collier, funky et voyageur, donne d’emblée le ton. Sofiane Aït Belaïd : Lead vocal; Victor Gonin : Guitar; Laurent Mollon : Bass et Mous’ Kounta-Boé : Drum ratissent large, jouent bien, flanquent ensuite un Leqbayel à la basse ronde. Forcément tu danses, godet levé à la révolte chantée. Le rendu ne se range pas, ici les voix s’allient et là-bas les mélodies s’exaltent. Nell a amazigh, bluesy bourru, rock’n’roll, se pare de fougue. La vigueur est omniprésente, en support d’une langue Kabyle acquise aux démunis. Ca dégoupille comme on aime et puis les quatre mecs, avec leurs vestes de survêt issues d’un peu partout, ont déjà l’air de ne pas se fixer. Taferka, plus modéré (quoique…), fait valoir sa musicalité.
Bien lancé, Tiwiza ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Tilawin, sur blues aiguisé lui aussi, aux guitares loquaces, se dirige vers les cimes. Suffisamment relevée pour, définitivement, estourbir nos esgourdes, la mixture Amenzu tient le cap de bout en bout. Ayen akka a zzman, délié, fait lui aussi montre d’une prestance à ne pas nier. Tiwiza a pour lui l’attitude, le discours, l’identité sonore. C’est déjà pas mal, comme dirait l’autre. Ay adrar inu, comme joué dans le désert, pousse le trip jusque dans les dunes. Ca ondule, le refrain entête. Nnif n imazighen, d’un rock métissé, alerte, rugit avec brio. Tayri berka-Iyi, Touaregement blues, souple et racé, s’offre des embardées typées. Enfin Yehwa-iwi, frétillant, funkisant mais dans le remuant, pose une dernière banderille parée des mêmes avantages. C’est vertueusement que Tiwiza, rageur et patiné, se paye le luxe d’un debut LP » de nature à déjà, lui assigner crédit et fiabilité.