« Legendary electro-prog-pop experimentalists », les trublions d’ a.P.A.t.T. bousculent les formats. Je les découvre avec ce We, qui m’est offert par leur label lyonnais lui aussi de légende, à savoir Dur et Doux. Il m’enthousiasme, me chamboule les sens, fait le pitre, marie les chants sur des tons opposés (l’inaugural The Great Attractor, jazz et bien plus, posé comme, l’instant suivant, agité, affairé dans une cavalcade cuivrée sans butoir fixe). Il faut suivre, si tu restes en rade tu passes à côté d’une sacrée tourneboulée. It Keeps Going, sur voix sucrée et tempo filant, poppy, fait du gringue à l’auditoire. a.P.A.t.T. appâte, peine à tenir en place, change de chemin comme de tonalités. Ca captive, c’est singulier et de fait, on s’en éprend. I Sigh You Sigh, ritournelle mécanique aux voix spatiales, fait son effet. Surgissent, encore, des cuivres libres. Le collectif, dans l’excellence, défriche sévère. Porca, dans un délire à la Primus, ou pas loin, s’hispanise. Le format n’est jamais et surtout pas tracé, on navigue là de surprise en surprise. Solipsism, en syncopes folles, dont les vocaux à nouveau délirent, ne déroute pas moins. We, une fois « capturé », régalera nos lecteurs. Cigarettes and Margarine, aux contours électro-jazz/prog cinglés, distingués aussi, valide les non-choix de la clique.
Une paire de poussées plus loin StudyRelax To Mid-Fi Chill 4-am Beats to, court, jazzy à la DC Basehead, nous emmène jusqu’à Plump in the Mud qui lui, rappe et après ça, s’emberlificote dans une trame prog givrée. Les trous d’air d’ a.P.A.t.T. sont à part, son approche mérite tout à la fois attention et considération. Walking Around Proper Looking, intermède trépidant, castagne. Dans son sillage, on se cogne un Titus The Bellows à la trogne de fanfare ivre. Young People Are Old People From the Future prend alors la barre, en ruades free-jazz expérimentales. a.P.A.t.T. chemine, traine ses guêtres ici et là, dépose un The People You Know enragé et percussif. Le morceau, aussi, se fait beau. Sa rondelle sort chez Dur et Doux, comme dit plus haut. Elle en est digne, on sait la structure de Lyon attachée aux canevas sinueux. DOOM II Hell on Earth, plombage doom ahurissant, beuglé, du poids d’une enclume, boucle l’ensemble dans une furie géniale. Terminé, We are totally seduced.