Museau est le projet d’une plasticienne rouennaise, Julie Tocqueville, éprise de son animal. Elle est magnifique, elle explore et défriche. Son univers musical, qu’on qualifiera de pop, dépasse de loin ledit genre. Il groove de partout, sans résistance envisageable. On le dira vaporwave ou italo-disco mais à vrai dire, ça ne peut suffire. Il est large, généreux, club et underground, dansable au delà du raisonnable. Treize titres l’asseyent, à commencer par Royal Câlin (Intro) qui donne son nom à l’opus. Il flotte, visite la stratosphère, psyché, sans trop de remous. Déjà, le climat nous attrape. Nos Années Sauvages (Royal Master), dans la foulée, fouette une électro de nuit. Ses voix se floutent, ici aussi l’ambiance nébuleuse chope l’oreille de l’écoutant. On s’envole. Under The Gun feat CHRISTINE, sur rythme lourd, s’encièle et se nuage. L’effet ne se décrit pas, c’est à l’audition qu’il prend toutes ses formes. Les chants font voleter le contenu, plus que digne. So Far Away (Royal Master), où j’entends les 80’s, s’impose magistralement. Poney Club (Get Up) (Royal Master), aux basses qui ondulent, dérouille les bassins.
Il se constate qu’à chacun de ses essais Museau, doué, nous fait vibrer. Ses sons, ses idées, sa largesse d’esprit nous feront l’aimer. Rodéo, plutôt percutant, où les basses à nouveau pulsent, accentue la dynamique corporelle. Je pense, parfois, à We Have Band. Disco rica, funky, voit ses basses (encore les basses? Oui, encore les basses et elles tabassent!) slapper, décisives et bien plus. Museau transporte son monde, transcende son créneau, crée comme personne ou plutôt, comme peu parviennent à le faire. Sneezing Reverse (Dog House #1), d’un style qui ne se définit pas, fait soniquement merveille. C’est Museau, couz, et c’est vraiment pas d’la bouse. ASMR Space Canin #1, dans la vapeur, s’interlude. Psychotrope, il nous emmène à La Horde (Royal Master) qui lui, se déploie flemmardement. Pour, à son tour, nous toucher.
Photos Fred Margueron.
C’est du bon, meilleur qu’un bonbon, que ce Royal Câlin destiné à la gent humaine. Museau, je le sais désormais, à ce don. A tout bien faire, à ne pas se ranger. A ne pas se classer. Sa galette, hardie, sort chez Mouton Noir Records. Ride On feat ROCHES NOIRES, haut perché, sort lentement de sa torpeur pour la prolonger avec brio. Enfin Never Ending Story (Outro), en apesanteur, se charge de conclure. Avec allure, jamais dans le dur, la très plurielle Museau nous renifle les écoutilles, persuasive, jusqu’à en prendre l’entier contrôle par le truchement d’une série imprenable.