Je ne reviendrai pas sur le parcours d’ April March, qui l’a menée auprès des pointures de l’underground. Et pas seulement. Ce qui m’intéresse ici, en tout premier lieu, c’est sa rencontre avec Staplin. Duo normand et pas des moindres, jugez donc; Arno Van Colen est le leader follement inventif du groupe Steeple Remove. Norman Langolff lui correspond parfaitement, élevé dans les studios d’enregistrement, au côté de son père Frank Langolff qui produisait et composait avec Serge Gainsbourg. Le décor est planté, s’ensuit ce Meets Staplin divin, très Liminanas je trouve, par bribes. 60’s aussi, cuivré tantôt (Villain’s whisper), truffé de titres conséquents. Le grand Serge n’en est pas absent, ses climats parsèment le disque et d’emblée Ton rayon vert, psyché fulgurant, vrombissant, donne le la. J’adhère, j’aurai par la suite bien du mal à en décrocher. Tout est réuni, ici, pour conquérir le quidam. Alfie Solomon’s hush, psyché, brumeux, y contribue. Les fleurs invisibles, jolie plante, livre une pop d’éclat, gentiment acidulée. L’allant de Palomino rich man, ensuite, fuzz, se montre tout aussi concluant. L’alliance entre les deux parties, à l’évidence, s’avère réussie.
C’est de plus sur la « bagatelle » de quatorze tires qu’elle nous charmera, dont un Ombres dans le ciel vivace et, simultanément, agilement décoré. Puis Parti avec le soleil, appuyé, pop enjouée. On prend plaisir, Lay down snow white fuzze à son tour dans une brillance d’antan. Villain’s whisper, cité plus haut, suit en s’habillant du même mérite. Get wild, elevator man prend des accents déliés, on peut sans crainte s’y fier. L’horizon, qui se charge d’ailleurs de le dégager, joue un rock mélodique comme pénétrant. A chaque titre, Meets Staplin plaît et convainc. C’est le cas de Natalie, d’un écorce à mi-chemin du rude et de la patine vocale. Underneath the world retombe -en vigueur-, sans porter atteinte au résultat. Subtil, il trouve son siège sans peiner. Guy B., dans son tissu jazzy/soul soutenu et bien mis, accroît notre joie. En fin de démonstration Lone ranger, délicat et dans la brise, amicale, finit dans le joli. April March, assistée d’une paire inspirée, signant avec celle-ci une « quatorzaine » d’un attrait qui jamais ne se dément.