Trio de masqués issus de Londres, The Pigeons honorent l’animal en question jusqu’à lui consacrer la quasi-entièreté de Bird brain gang, premier album où The Fall copule avec James Chance -en se contorsionnant- sous l’oeil de Can. Le programme allèche, il tient ses promesses et crachote onze morceaux excentriques, soupes et triturés, aux élans créatifs notables. Dès Sideways Stare, salve que la basse fait chalouper, on crée du nouveau. C’est tout à la fois tordu, génial, funky, déviant et excellent. Ca tchatche, ça se fend de giclées acidulées. Ca se syncope, jusqu’à nous extraire de nos sièges. Sur Bird Brain Gang, éponyme, je pense à Jon Spencer. C’est dire la qualité du bazar. Sa brièveté le rend plus notoire encore, il se suit d’un Amanda Fielding que Mark E.Smith aurait direct cachetonné, en bilant peut-être mais tout de même. Pigeon Rock nous vole dans les plumes, tout en offrant des notes célestes. The Pigeon 1000 Super Music Computer le complète, sans tenir en place. Soniquement, c’est la foire et ça galvanise. La mixture de The Pigeons, osée, est à peine dosée. Elle part dans tous les sens, au final ça lui donne du sens. Elle s’en va quêter, sait-on où, une liberté émancipatrice.
A la croisée du trip Pecking At The Pavement, single puisqu’il en faut un, se saccade avec panache. Iron Bird, entre free jazz et kraut cinglé, puis Take Aim et ses éruptions sales, en reversent une pleine bouteille. The Pigeons font du bien, à entendre. Ils dézinguent la norme, le tout-rangé, le bienséant. Le rythme castagne, Take aim vire compact et fait dans l’impact. La galette sort chez Freaksville, ouais tu sais, là où rien ne se perd. Spikes est tout aussi hirsute, spatial, psyché et hypnotique. Le produit fait effet, Angry Little Circles claque une trame presque mélodique. Il se met, néanmoins, à quitter les rangs. Sur le plan sonore, c’est encore le régal. C’est à Master Disaster, dernière mitraille en marge, cadencée, no-wave dotée de vocaux polis, fissurée, breakée dans un psychédélisme 70’s fumant, que revient la mission de boucler l’opus. Lequel, le long de ses plages à l’équilibre incertain et passionnant, nous révèle une clique de volatiles au talent plus qu’évident.