Carver vient de Nantes, il s’exprime dans un créneau noise nerveux et bien tenu, quoique libre de ton. Hurleur, débridé, il sait aussi briser l’élan. Ca lui donne du relief, eut’façon dès l’amorce de ce Asshole assez vindicatif il est clair que malgré les ritournelles mélodieuses qui l’introduisent, Carver va faire dans le sévère. Les guitares entrent en éruption, le chant vocifère, la batterie mitraille. Le riff est cru, des vocaux plus « polis » s’invitent. Ca prend fin brusquement, Arm déboule ensuite animé par la même furia. Bien qu’abrupte, celle-ci est pensée. Les brisures sont judicieuses, le groove fou et récurrent. Sous tension, jamais et surtout pas figé, le clan a déjà eu mes mots, ici, pour la qualité de son effort. La provenance de ses membres, rappelons-le, plaide en sa faveur. Running the fields, bref et bruissant, tribal et fissuré, avance sur la corde raide.
Plus loin Cheers, athlétique, Fugazi dans l’esprit je dirai, brode des motifs de choix. Je songe, aussi, à Condense « from Lyon ». Genuflex, ce type de galette qui par ses accords met tout l’monde d’accord. Sad as a love song, en ruades itou, s’en approche. Ses flux sont rudes, ses reflux purgent. Des notes subtiles s’y glissent, écoute-moi ça frérot! Kill the stars, rentre-dedans, montre les dents. Il a les crocs, il arrive qu’à son écoute Le Singe Blanc traverse my mind. Ca se danse dans tous les sens, aussi haché que frontal. Le discours s’apaise -relativement- tantôt, Aedes Albopictus s’interlude d’ailleurs dans un trame pianotée à l’enrobage bellot. Superhero et ses souples séquences passées au silex, ses cris possédés (Armand, de Sloy, n’est pas très loin) font à nouveau la diff’. On lui file du mélodique, bien vu les boys! Enfin Boring, aucunement ennuyeux, authentifie la marchandise. Carver, pour sa troisième fournée, se fendant par conséquent d’une livraison haut de gamme.