Encensé ici et là, et pas seulement en nos colonnes, pour ses deux opus précédents, le Chasseur de Gaël Desbois revient avec Le corps humain, soit neuf titres que la mer, bienveillante ici, agitée là-bas, s’en vient polir…ou aiguiser. Le mer, thème récurrent donc, à l’heure où nous sommes dans une mer de noir -j’aurais aussi pu écrire merde noire- d’un point de vue sociétal, comme échappatoire à nos piètres conditions. Le mot, chuchoté, d’une plume à sacrer. Le beat, envoûtant. On s’évade. En Souvenir, sans empressement, entre planerie et élans plus dark, amorce l’au revoir. Il regarde dans le rétro, amer, doux pourtant comme si la colère ne se disait qu’avec bienséance. Le début promet et voilà que Traverser hausse la cadence, nappé de sons enthousiasmants. Dans le clair-obscur Chasseur, inspiré et tu n’en seras guère surpris, nous refait le tour des morceaux supérieurs.
Ainsi Devant nous, dans l’ombre et le vif, aux traits rock marqués, impose-t-il sa maestria. On y parle de fuite, l’auditeur sera volontiers preneur. Il y a chez Chasseur cette patte, cette patine, cette signature sonore perlée d’or, de désillusion poémisée, qui en fait un artiste à part, d’importance. Précieux à nos yeux, mais jamais précieux. Devant nous castagne, comme en ire. Les récifs, aussi alerte, susurre et contourne les écueils. L’album est un pas, de côté. Un pas de plus, aussi, dans la carrière du père Desbois. Avec lui barrons-nous, dans le sécure et le plus sûr. Glisse, de la même étoffe en flottaison, nous y incite. Sur un fil, il se répète. Céleste, brumeux, il a le pouls haletant. Stella, qui suit, joue une électro-rock tranchante. Chasseur attend son heure, fabrique des ponts, largue les amarres. De valeur cachetée, Le corps humain appelle à bien des écoutes.
Photo Anne Gontier.
Le corps humain d’ailleurs, éponyme, sur sons à la Depeche Mode, interroge. Avec éclat, dans la grisaille. Qu’est-ce qu’on a fait Pour en arriver là ? Qu’est-ce qu’on a fait Pour mériter tout ça ? Pour se retrouver dans l’eau ? Exister, camarade. Exister, mais on a nous a éteints. Ca craint mais crains nos foudres, le gouvernant! La bataille se profile, entre ténèbres des sons -on parlera de Vega, prénom Alan-, syncope des rythmes et verbe désenchanté. Accroc nous devenons, ici se trouve notre soie. Notre foi. Nous sommes, à l’heure de conclure, fédère. Par le nom, par le non aussi, sûrement. Spatial, il borde un disque merveilleux, abouti, à la haute hauteur des capacités d’un Chasseur en plein ressac de vertus musicales.