Impulsé par le musicien et producteur français Manuel Jesus, World Wild Web a trouvé ses traits après que le bonhomme ait migré à Berlin, source de liberté dans ses investigations. Décomplexé, servi dans sa « décontrainte » par deux séjours en Inde, décisifs, l’opus présenté en ces lignes se gobe d’une traite, synthétique, tantôt robotique, chanté dans deux langues dont la notre. Colony, cold et orné de notes frétillantes, attire déjà. Il est à la fois spatial, enlevé, grinçant. Et, finalement, addictif. Il en sera de même, notez-le bien, de chaque effort joué. Cursed Fruits, plus clair, tout aussi jouissivement « mécanique », crédite mes dires. Enrobage guilleret, voix blanche, élans plus froids. On s’y laisse prendre, entiché. Pills prend la suite, sur des tons plus appuyés. World Wild Web entasse les tubes, dans sa sphère autistique, de l’underground musical. On l’en remercie, il traverse les époques sans baisser son froc. Il propose, fringante, une collection irréprochable. PA 2 la complète en groovant, un pied chez Kraftwerk, de ses nappes dont on se drape. On n’en rajoute pas, le contenu se suffit à lui-même. Des envolées d’obédience…euh…80’s non? s’incrustent, bienvenues.
Photos Katharina Kohler.
Pour ma part je chope, ici tout me va. Don’t Quit!, pop cosmique, résonne joliment. Bien trop bon, ce Transmutation! La Nuit virevolte, poésie en sus. On y trouve, délice, des sons à nouveau bonnards. L’anxiété, le web et son emprise servent de socle, en termes de thèmes, à ce skeud indispensable. M-Gola, exotique, couple Berlin, son champ sonore propre, et des contrées plus éloignées. Les sonorités, sans laisse, raflent la mise. Le titre est tribal, dépaysant. Je Mange Des Animaux, funky, poste un Français qui bien vite, par ses mots, élève la chanson. Cette dernière se saccade, nerveuse et dansante. Druid Dance arrive ensuite, vaguement jazzy, racé jusqu’à son terme, jamais conventionnel. Scrolling, lo-fi, folk sur ses contours, chante un bel air. L’opus a de la gueule, l’auditeur persévérant à même droit à un bonus digital nommé The Best Is Yet To Come qui, perché dans les cieux, nous en met plein les yeux. Transmutation, sorti sur le label Enter Planet Dust, révélant un projet à pister attentivement, au « debut LP » sacrément accompli.