KermesZ à l’Est est Belge, il a déjà bossé avec La Jungle (et puais Biggy!). Il cuivre tous azimuts, en mode brassage des genres. Il chante peu, ça me gave un peu ça. Quand il le fait (Lullysion), en mode enragé, c’est concluant à l’extrême. Octophilia, aussi balkanique que folklorique, aussi Kusturica que, et surtout, Kermesz à l’Est, intronise neuf plages aventureuses, qu’ Azerian Dub – Part I amorce dans un tumulte décalé. Dub oui, parfois psyché, reggae sur son pont, clair après s’être emporté, musical et frappé du bocal, il restitue l’esprit du clan. Un collectif à friches indus, à la zik de niche mais bordel, chantez plus souvent les zigues! Pas très grave, l’identité est forte. Azerian Dub – Part II, après les huit minutes et des poussières de son prédécesseur, joue un air endiablé. On entend presque du métal, dans l’esprit, dans les influences larvées. Le titre breake, ses volutes s’enracinent. Y’a pas à dire, on a connu pire! Et puis les Belges, la majeure partie du temps, ne perdent pas leur temps.
Kakoschizm, sautillant, prolonge la fiesta. KermesZ à l’Est rassemble, à personne il ressemble. Ou de loin, de très loin même. Ici ska, là-bas math-rock enfin je crois, il lui arrive de détourner, en bon contrebandier sonore, des morceaux traditionnels d’Azerbaïdjan (piste 2), de Grèce (pistes 4 & 7), ou encore de Roumanie (piste 9). La piste 8 est par ailleurs une adaptation de Jean-Baptiste Lully, Le Bourgeois Gentilhomme, Lwv 43 : Ouverture (1670). Texte écrit et déclamé par Olivier Chaltin. Ceci étant dit, Trilock – Part I – Down, premier d’une fratrie de quatre, fait un peu le forain. Il pose le jeu, doté d’un cachet rétro qu’on cachètera. Alors que le disque, on l’achètera. Pour ma part je m’en fous, je l’ai reçu. J’écris, j’en parle, ça donne des droits. Pour autant, je ne suis pas le roi. Mais je promeus, fidèlement, la différence qu’affiche le groupe. Trilock – Part II – Strong l’affirme, flanqué de cris…de loups? J’entends mal mais là aussi, l’humeur est variable et le produit fiable.
Photos Mathias Launois/Christophe Hella.
Plus loin Trilock – Part III – Lombrik, plus massif, se fait puissance. Puis il retombe, laissant place à Trilock – Part IIII – Prophecy et son ivresse sonique de début. Longue intro, puis salves slaves (c’était pour la rime, peut-être pas si approximative qu’elle en a l’air). Résultat, on vit. Plus fort. Octophilia fait le foufou, illustré d’un blanc toutou. Enflammé, orangé, il se boucle au son d’un Pony Wurst à la dynamique incoercible. Laquelle, jamais figée, consacre l’allure d’une bande au talent évident qui j’insiste, vocalise trop peu mais impose, incontestablement, une approche que le rendu final valorise dans la constance.
Photos Christophe Hella/Mathias Launois.