Meule vient de Tours, le fait est parlant. En trio, il pratique une sorte d’électro garage matinée de kraut, aussi lunaire que percutante. Ses chants sont épars, ils font toutefois le plus grand bien car le tout-instru m’aurait gavé sévère. Ses durées s’étirent, elles n’ennuient toutefois pas. Son originalité ne peut se contester, No couchettes part 1 is floating in space et de ses synthés très présents, bâtit un cheminement stellaire. A l’éther comme au vitriol, sa zik singularise Meule. Il est bon, même si d’abord âpre, de s’en draper. L’humeur varie, pour faire suite à l’épopée étoilée du premier titre on se cogne un impeccable et densément rythmé Couchettes part 2. Kraut, fulgurant. La Meule pétarade, flanquée d’un Kit Polini. On dirait Marvin, from Montpellier. La traversée, pour le coup, est bien plus remuante que sur le début d’EP. Je pense alors à Tempomat, vu jeudi lors d’un set de génie. L’élan, sans empressement, se brise. Vacuum, sur chant rock teigneux, vient alors parfaire le début d’EP.
Il est rock, de riffs bluesy épais. Il excelle, se pare de notes qui à nouveau volettent au vent. C’est, un peu, un morceau de bravoure. C’est, beaucoup, un exercice de haut vol. La capsule détale, Meule trace la route et fend le bitume sans se séparer de ses atours spatiaux. Il diffère, affairé à dessiner ses propres traits. Ce morceau est heavy, à la croisée des genres, non sans style. Il transporte, impose sa nouveauté. Live, Meule est bien loin d’être inopérant. Au quart de Tours, il t’emmène dans ses détours. Ici ses chants s’allègent, presque Sparks. Si si. Diantre, il vaut l’coup ce Beau Red! Beau red part 1, d’ailleurs, lui confère du Kraftwerk. Entre électrique coup de trique et électronique opposée au fric les trois hommes, inventifs, s’illustrent.
Photos Carlos Cruz/Magali Ruelland.
La compo monte en puissance, mue ensuite en un Beau red part 2 vivace. Des voix à nouveau concluantes l’ornent. Rock, un peu pop aussi. Meule ne se situe pas, il fait du Meule et il a de la gueule. Sa fin est considérable, l’objet n’offre aucun creux. S’il décélère parfois, Meule garde le cap et n’en a cure des sentiers balisés. Son Beau Red sort, notons-le bien, chez Figures Libres Records et Luik Records. On l’en loue, en même temps qu’on s’enfile une nouvelle rasade de sa mixture osée et pertinente illustrée par cinq plages privées de tout défaut.