France Sauvage, où officient dans le tâtonnement musical génial Johann Mazé: percussion, machines, vocals; Arno Bruil: machines, vocals, percussion et Manuel Duval: vocals, percussion, machines, je découvre ce jour. Et pourtant le projet, visiblement, n’est pas né de la dernière pluie. Qu’à cela ne tienne, on s’en remet pas comme ça et les nappes électroniques rampantes du clan, vaporeuses, jonchées de voix fantomatiques, vaincront bien vite nos maigres velléités de résistance. Où les observer, savoir les reconnaître? Ici même couz! C’est Tears Me, Love Me qui le premier, porté par des sons qui louvoient, oscillent, par un chant comme distant, t’enfume le cervelet. Superbement expérimental, bancalement mental, mentalement bancal, l’opus en présence n’aura de cesse de se démarquer. Faire Les Dents Repousser, entêtant, poste un vacarme électro qui tient à la fois du psyché, de la no-wave et de la narration qui simultanément, captive et interroge. Ses vocaux se robotisent, putain je capitule! Des décharges de son tarés surviennent, couplés aux voix déviées. Otis Lélé, hagard/loufoque dans le chant, dépaysant, instaure un troisième trip. Tribal, il s’échappe. Ce faisant il fuit aussi, délibérément, les formats castrateurs. La première fois tu comprends pas, la seconde t’es sous emprise.
Ivan, c’est russe. Si si! Ca se stridence, voilà un titre qui parait chercher son chemin. Et qui au final, tout comme l’album, passionne. Dans ses détours, on ira faire des tours. Volontiers, avec lui, on s’égarera. Mon Chéri, de ses secousses rythmiques qui font danser, de ses loopings qui titillent l’esprit, de ses voix qui déraisonnent, géniales, nous dépose là-haut. Très haut, trop haut pour celui qui au préalable ne s’est pas éduqué. Depuis belle lurette j’ai fait l’effort, ce matin encore je m’en félicite. Psychiatrique, la zik de France Sauvage se mérite. Elle va se chercher, c’est ici sur neuf minutes que sa saine folie se propage. Dois-Je Mourir, noir et céleste, psychotrope, se fissure comme un track des Young Gods. Conquis je suis, tout à l’heure de l’HP je ferai le mur. Dans quel sens je l’ignore, toujours est-il que Contrôleur Minuit et ses chuchotements crépusculaires, ses entrelacs de bruits angoissants, raffermissent l’addiction. L’ouvrage s’acquiert ici, j’ai pour ma part fini et m’en retourne à l’exigeante immersion que constitue ce LP à la pochette boisée.