Nouvel opus, remonté, « Wireisé », pour la clique toulousaine, qui répond au doux nom de Cathedrale. L’édifice est solide, loquace, il inclut douze parpaings souvent énervés. C’est du post-punk à l’Anglaise, de chez nous malgré tout et de très bon goût. Shallow, au riff sec, de guitares mélodiques bien senties, initie la première salve. Gouaille punk, un Maybe tomorrow qui lui aussi part à l’assaut, mid-tempo, en se fendant de jolies rafales scandées. Entre plans soignés et éruptions soniques, la clique des cinq se distingue sans coup férir. Manipulate, météorite à la Comet de…Wire, renverse tout ce qui obstrue son avancée. Son refrain est efficace, à l’instar des créations en l’occurrence présentées. Le propos est urgent, sans détours inutiles. Bien campé, Cathedrale sert un Ha ha ha qui ne prête pas à rire, direct et acéré. Les saccades rythmiques, une fois de plus, font des ravages. Les chants se croisent, en nerfs. Ca pulse, ça comble, ça déboite aussi. Glitters, où les synthés-nouveauté s’invitent, complète le bazar sans perdre son falzar.
A la moitiéCathedrale, suivant un Days in the overground lui aussi agité, claque sa dégelée. Les guitares déflorent, la batterie donne des beignes. Parfois ça retombe, l’espace d’un instant, dans le judicieux. Hostage taking, bruitiste façon Sonic Youth, emprunte un sentier presque psyché. Mais post-punk, tout de même et quoiqu’il en soit, dans le saignement au rythme retenu. An alibi, sec comme un coup de trique, gorgé de sons de synthés à nouveau bonnards, bruisse à son tour avec panache. Après avoir frétillé, il passe la cinquième et se veut cinglant, dans une matière dont la provenance ne trompe guère. L’ascension perdure, Blah blah blah lui donne de l’allant supplémentaire. A chaque titre joué, ici avec cette basse grasse, on se fait chérir. Et détruire, avec bonheur, le temps de griffures profondes.
Photo Franck Alix.
Sur la fin Blood on my knees, en parlant d’écorché, s’érafle avec brio. Les standards se succèdent, aucun ne ressort d’ailleurs d’un opus si cohérent qu’au final, on le salue dans son entièreté. Innit, sans atermoiements, en entrevoit les derniers moments avec une intensité ébouriffante. Puis Silent castle, à l’heure d’en finir, délivre un rythme haché, des synthés vaporeux, qui l’élèvent bien haut. Words/Silence sort chez Howlin’ Banana, tout est ainsi réuni pour en faire une pièce maitresse du post-punk de nos terres, sudistes de préférence, après une bordée de parutions qui déjà, auguraient d’une suite magistralement pliée.